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Concert

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Festival

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Festival

« Il faut être vigilant de ne pas transformer ces musiques traditionnelles en un capital. Celle-ci sont du domaine de l’être et non de l’avoir, sauf si c’est pour donner, partager, digérer et qu’elles deviennent le patrimoine des gens, avec une dimension horizontale de la culture, celle de l’échange porté par les mots expression du cœur. »

Sylvain Girault

directeur artistique

MISSIONS

« Toutouig lonla a ma belle, toutouig lon la … le père est loin et la mère ici qui va vers son enfant chéri… Toutouig lonla ma belle, toutouig lon la … jadis elle a pleuré souvent, mais aujourd’hui s’endort gaiement… ». Plongé dans la pénombre, allongé sur des matelas ou des transats, le public se laisse porter par une berceuse bretonne chantée en français et reprise en version électronique, dessinant l’écho d’un paysage intérieur. « Tout au long d’une pièce musicale jouée en direct, se croisent chansons et berceuses collectées, archives sonores, sons concrets, musiques électroniques… », explique François Robin, invité par le Nouveau Pavillon pour une résidence de trois ans. Le musicien, compositeur et explorateur sonore a rencontré des familles de Bouguenais de différentes origines et collecté des berceuses, prétextes à de nouvelles compositions, restituées à l’occasion de siestes musicales. Cette action de médiation est l’une des invitations faites par le Nouveau Pavillon à « découvrir autrement » les musiques de tradition orale, en valorisant l’expérience des « détenteurs de musique » et en irriguant le territoire. Ce sont des compagnonnages au long cours qui se tissent avec les structures associatives ou éducatives, les écoles de musique, les conservatoires à rayonnement régional ou encore Le Pont Supérieur de Bretagne et Pays-de-Loire, pôle d’enseignement supérieur des artistes enseignants et interprètes du spectacle vivant.

« La ligne éditoriale du Nouveau Pavillon est de valoriser une scène artistique qui a pour point commun de s’inspirer des musiques populaires de tradition orale, avec une entrée artistique et non patrimoniale », commente Sylvain Girault, directeur artistique de la « scène des musiques trad’actuelles », implantée à Bouguenais près de Nantes.

« Au service d’un mouvement d’expression en perpétuelle hybridation, nous sommes une courroie de transmission entre les artistes et le public ». Une approche artistique qui se veut militante et tient en distance toute instrumentalisation de mouvance identitaire ou de marchandisation culturelle. Et Sylvain Girault de s’interroger : « Le paradoxe est comment de ces musiques évanescentes autant qu’intangibles, riches de leurs variantes, on ait pu faire un objet identitaire absolu ! » Une seule volonté pour l’équipe du Nouveau Pavillon : « Nous travaillons sans cesse sur les codes, les symboles, les discours portés sur ces musiques, pour faire évoluer les représentations, tant auprès des décideurs que des médias ».

L’idée est née au sein de Dastum 44, présidé par Sylvain Girault de 1997 à 2002. « En 2001, 2002 et 2003, nous avons monté La grande veillée avec le Piano’cktail de Bouguenais. Cette soirée de concerts qui ne proposait pas que de la musique traditionnelle, est la matrice du projet du Nouveau Pavillon ». De cette première aventure, quelques fidèles bénévoles continuent d’œuvrer et de faire vivre le projet associatif. « Parmi les figures historiques, il y a Jean-Louis Auneau, Yves Bourdaud, Liliane Berthe ou encore Gérard Aorski-Bordais… ».
En 2007, président de l’association, Sylvain Girault en devient directeur. « Dès l’origine, il y a eu trois pieds sur lesquels nous marchons, à savoir la création, la diffusion et la médiation. La face le plus visible et l’axe principal est la diffusion de spectacles et de concerts de musique traditionnelle essentiellement, dans la salle de spectacle du Centre Marcet, à Bouguenais. » À cette programmation saisonnière d’octobre à juin, s’ajoute le festival Eurofonik qui irrigue la métropole nantaise, au printemps.

Au-delà de la programmation, Le Nouveau Pavillon accompagne la création et s’affirme comme pôle ressources. Désormais, Sylvain Girault intervient en tant que regard extérieur, fort de sa propre expérience de musicien. Chaque année, la structure accueille cinq résidences de cinq jours avec mise à disposition du lieu et des équipes administratives et techniques. Chacune aboutit à une programmation. « Notre vocation est de questionner la forme scénique de ces musiques nées dans les champs, pendant les veillées, de rites calendaires… qui se jouent dans les bals ou en sessions. Sur scène, la confrontation aux codes du théâtre devant une salle assise est pour ces expressions plus complexe. La question est de traduire scéniquement ce que sont nos marques de corps et notre énergie, avec une vraie dimension artistique. Nous ne sommes pas un lieu de répétition, mais bien de finalisation scénique ».

Depuis 2016, une nouvelle forme de résidence est proposée dans le cadre du festival Eurofonik, dédié aux musiques des mondes d’Europe. Il s’agit d’un espace de création qui invite trois artistes européens pour un travail de rencontre artistique de cinq jours, présenté sur scène. « Cela remet l’idée du voyage et de l’hybridation au cœur des échanges ».
Audace, exigence artistique, rencontre, échange, partage dans le respect de toute la diversité des expressions issues des musiques traditionnelles … autant de convictions qui amènent aujourd’hui le directeur artistique à souhaiter : « Pourquoi ne pas imaginer une labellisation PCI pour reconnaître une scène qui œuvre dans ce domaine ? »

Christine Barbedet – avril 2016