Nous vous donnons rendez-vous à partir du mardi 11 janvier 2022 pour la suite du cycle de conférences qui explore les enjeux de la fabrication de l’authenticité. Trois rendez-vous les 11 janvier, 9 février et 8 mars au plateau des quatre vents à Lorient à partir de 18h. GRATUIT !
Cette conférence sera retransmise sur ZOOM : https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_7xdDRxPYRjqOVmztTXOOug
>> Mercredi 9 février 2022
La lutte bretonne n’est plus ce qu’elle était ?
Le concept d’authenticité par rapport à l’histoire, à l’identité, au paysage et aux relations sociales dans le gouren, « sport traditionnel » de Bretagne.
Le gouren est un style de lutte traditionnelle bretonne qui dans le dernier siècle a été transformé en sport compétitif, avec une fédération, des règles uniformes, des catégories de poids et d’âge, etc. Dans ce processus, il a quand même maintenu un lien fort avec ce que ses pratiquants appellent l’« esprit ancestrale » (c’est-à-dire authentique) de la pratique originaire. Cette « authenticité » est surtout définie aujourd’hui par son statut d’activité physique typiquement (authentiquement) « bretonne », c’est-à-dire représentative de la culture et de la tradition bretonnes ; et cette représentativité est définie à son tour par rapport aux traits culturels et aux valeurs qui ont été historiquement attribués aux concepts de « culture » et d’« identité » bretonnes (vus précisément comme des constructions historiques et sociales) et qui sont activement poursuivis et performés par les pratiquants de gouren. Parmi ces traits, une sociabilité moins égotique/hiérarchique et plus conviviale/inclusive, une attention à l’histoire, à la « tradition » et à leurs représentations comme sources d’identification collective, un rapport au paysage et à la nature comme fondement de cette histoire et de cette identité.
Le gouren continue donc à passionner parce qu’il constitue une activité capable de séduire un public contemporain intéressé par son côté sportif et compétitif mais, en même temps (et paradoxalement), parce qu’il s’oppose à la compétitivité et à l’individualisme de certains sports contemporains plus connus et médiatisés, en se proposant comme domaine de continuation des valeurs et des modèles de relations sociales plus historiques, plus traditionnels, plus humains – en un mot, plus authentiques.
Dario Nardini est chercheur attaché en Anthropologie Culturelle à l’Université de Pise, et Professeur contractuel à l’Université de Florence et de Milan-Bicocca. Il a publié une monographie et plusieurs articles sur le gouren (lutte Bretonne), sur le surf dans la Gold Coast Australienne, et sur le Calcio storico fiorentino. Ses travaux ont gagné des prix nationaux et internationaux (le plus récent, le prix Madella du Comité Olympique Italien pour la recherche sur le sport).
>> Mardi 8 mars 2022
Y a-t-il un matriarcat breton authentique ?
Parler de matriarcat est une spécificité bretonne. Nulle part ailleurs en France ce mot n’a cours. Objectivement, le patriarcat, qui est son opposé masculin, semble admis partout. On peut donc s’interroger sur cette étrangeté bretonne. Affirmer l’existence d’un matriarcat en Bretagne résiste-t-il à l’analyse ?
L’usage du terme est avéré. On connaît ses propagateurs et on peut dater son apparition dans l’Histoire. Mais la réalité ? Y a-t-il un legs historique particulier qui expliquerait la présence d’un système matriarcal breton ? Peut-on rassembler les preuves d’un authentique matriarcat en Bretagne ? Cette recherche de preuves semble vaine. À l’inverse, on ne peut nier la force de sa représentation : il n’y a pas de matriarcat breton mais le stéréotype, l’idée convenue, la croyance sont bel et bien ancrés dans la culture et les usages. Cette pratique langagière répandue aide-t-elle à penser la condition féminine en Bretagne ?
Anne Guillou est une sociologue et essayiste. Elle est docteure d’État de sociologie, auteure d’une thèse intitulée Les Femmes, la Terre, l’Argent (1987). Ses recherches ont notamment porté sur la sociologie rurale et, plus particulièrement, la sociologie des femmes et les rapports sociaux en milieu rural. Elle a été Professeure de Sociologie à Brest (UBO) de 1991 à 2003. Elle y a créé le département de Sociologie..
Toutes les conférences sont gratuites. Elles sont organisées au plateau des quatre vents à partir de 18h.
Retransmission en direct via Zoom ou Facebook.
Organisé avec l’aide de la Mairie de Lorient et en partenariat avec Emglev Bro an Oriant et Amzer Nevez.