Existe-t-il une architecture bretonne authentique ? Telle est la question centrale de la prochaine conférence du cycle de La fabrik’ de l’authentik’ que BCD propose une fois par mois au plateau des quatre vents à Lorient. Prochain rendez-vous le mercredi 8 décembre à partir de 18h00 en compagne de Daniel Le Couédic, architecte DPLG et docteur d’État en histoire contemporaine.
Au XIXe siècle, de nombreux peuples en quête d’émancipation — finlandais, slovaque, catalan, etc. — se persuadèrent que l’architecture avait été un marqueur de leur particularité et se devait de le demeurer. Parvenue en Bretagne, notamment par l’entremise des expositions universelles, l’idée y trouva des renforts venus de l’extérieur, d’abord hédonistes, comme le tourisme, mais bientôt politiques. Pour contenir les pulsions identitaires, le pouvoir central en vint en effet à combattre les différences qui lui paraissaient dangereuses pour son intégrité, les langues au premier chef, et à promouvoir celles qui lui semblaient inoffensives : les danses, les costumes, etc. Le régionalisme architectural en bénéficia dans l’entre-deux-guerres ; plus tard, le néo-régionalisme serait même réglementairement imposé. Jugés inauthentiques, l’un et l’autre furent dénigrés par certains milieux militants misant a contrario sur la capacité de l’identité à se réinventer dans la modernité, de façon imprévisible. Olivier Mordrelle et Maurice Marchal partirent ainsi en croisade contre « la Bretagne au biniou » tenue pour une « sanglante ironie ». Après-guerre, les jeunes architectes épris de modernité accusèrent encore le propos. Mais démonter et dénoncer une stratégie retorse condamne-il à l’opprobre éternelle les édifices qui en portent la marque ? N’auraient-ils pas échappé à la malignité de leurs instigateurs pour devenir l’expression d’une estimable différence ? L’inscription ces dernières années de maisons régionalistes à l’inventaire des monuments historiques le suggère. De surcroît, après avoir connu le discrédit, le régionalisme est à nouveau promu, paré désormais des vertus d’une résistance à la mondialisation et d’une contribution au développement durable.
Cette conférence sera retransmise en ligne : https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_mX6uWeJmQJWEMJ49cnbaPA