La grève de la SA des Kaolins de Bretagne à Plémet (25 septembre – 24 novembre 1972)

Société des Kaolins et produits réfractaires de Bretagne usines des Landelles, carte postale, Musée de Bretagne, 972.0018.139

Auteur : Christian Bougeard

À Plémet, près de Loudéac (Côtes-du-Nord), un conflit éclate le 25 septembre 1972 quand la section de la CFDT rajeunie fait voter la grève illimitée aux Kaolins de Bretagne, seule grande entreprise de cette région rurale du centre-Bretagne.

C’est une vieille usine de produits réfractaires créée sur le site en 1910 qui appartient alors à un groupe national, la Société générale des produits réfractaires exploitant treize usines. Les conditions de travail des ouvriers, souvent aussi petits paysans, sont pénibles et les salaires bas. 140 salariés dont 115 ouvriers travaillent à Plémet. En 1962, trois semaines de grève s’étaient soldées par un échec si bien qu’il ne s’était rien passé en 1968. Mais en 1972, dans un contexte social porteur, les nouvelles générations sont plus offensives. Soutenus par les syndicats et toutes les forces militantes de gauche (PSU, PCF, PS, UDB, extrême gauche trotskiste et maoïste) et un très actif comité de soutien qui récolte des fonds, les grévistes des Kaolins de Plémet vont tenir neuf semaines. Comme dans les autres conflits, Jean Le Faucheur, le secrétaire départemental de la CFDT, mène les négociations face à un patronat intransigeant. Les grévistes des Kaolins organisent des meetings et des manifestations avec ceux de Big Dutchman de Saint-Carreuc. Élément original, toutes ces grèves bénéficient de l’appui de concerts de solidarité de chanteurs bretons engagés, de spectacles (théâtre) et de festoù-noz. Le 25 novembre 1972, Leny Escudero vient à Plémet célébrer la victoire des grévistes. Une identité bretonne s’affirme dans ces luttes sociales du début des années 1970.

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