Auteur : Yves-Marie Evanno / mars 2021
S’il a acquis une reconnaissance tardive à l’échelle internationale, le Menez-Hiez s’est taillé une solide réputation auprès du public breton depuis près d’un siècle. Déjà en 1947, des cars entiers traversent la Bretagne afin d’offrir la possibilité aux supporteurs d’encourager les coureurs du Tour de France. Impressionnés par ce qu’ils voient, les journalistes rapportent qu’une « foule énorme de plusieurs milliers de personnes » est massée des deux côtés de la route, ne laissant qu’un léger passage aux cyclistes. Trente ans plus tard, en 1977, l’évolution des mobilités individuelles aidant, la foule s’est encore plus densifiée. Selon les estimations, entre 20 000 et 30 000 spectateurs y acclament les coureurs. La scène est incroyable. Malgré sa présence sur chaque édition depuis près d’un demi-siècle, Jean Leulliot admet n’avoir « jamais vu ça » auparavant. Dans les colonnes du quotidien Sud-Ouest, il assure que le capot de sa voiture « frôlait et touchait des femmes enceintes, des bébés, des vieillards, des infirmes ». Peut-être parce qu’il se remémore sa propre chute de moto qui manqua de lui coûter la vie près de Pontivy, lors du Tour 1947, le journaliste se montre particulièrement agacé par « l’inconscience » du public breton qui, selon lui, met en danger les coureurs.
Par la suite, chaque passage du Tour de France confirme cette frénésie et cette ambiance digne des plus grandes étapes alpestres. Cet « avant-goût » de montagnes est encore plus palpable lorsque les deux plus célèbres maillots à pois de l’histoire du Tour, Lucien Van Impe et Richard Virenque, viennent faire le spectacle au sommet afin de glaner quelques précieux points en 1977 puis en 2004. Cette ambiance, particulièrement télégénique, constitue d’ailleurs la principale motivation des organisateurs à multiplier les passages dans « l’Alpe d’Huez bretonne » dans les années 2000. Quant aux arrivées d’étapes, depuis 2011, elles drainent plus de 30 000 spectateurs dans les deux derniers kilomètres. À elle seule, la côte de Mûr-de-Bretagne symbolise donc la passion des Bretons pour le vélo, rappelant que la région est toujours la fille aînée du cyclisme.
Source : www.becedia.bzh
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