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Conclure la paix

Les commémorations du 14 juillet 1919 disent toute l’ambiguïté de cette démobilisation qui semble interminable aux yeux des poilus. L’Armistice du 11 novembre 1918 n’est en effet pas la fin de la guerre mais une suspension provisoire des combats. La différence peut paraître minime et de peu d’importance. Elle est pourtant énorme. En effet, tant que la paix n’est pas conclue, il est illusoire de voir la France démobiliser ses troupes. Il faut finalement attendre le 28 juin 1919 pour que soit véritablement scellée, par le traité de Versailles, la défaite de l’Allemagne et que les poilus puissent enfin massivement rentrer chez eux.

Dans ces conditions, on comprend aisément que la célébration du 14 juillet 1919 ne soit pas totalement complète. Bien évidemment, à Montfort comme ailleurs, on entend fêter la Victoire. Mais « l’apéritif d’honneur » qui est offert à cette occasion ne l’est qu’aux « mutilés de la guerre ». En effet, ceux qui sont en train de devenir des anciens combattants ne sont pas encore tous rendus à la vie civile. Ce n’est finalement qu’à l’automne 1919 que sont fêtés en grandes pompes  les retours dans les communautés villageoises, étape essentielle du long rite de passage qu’est l’entrée en paix.

Le maréchal Foch lors de la célébration de la Victoire, à Paris, le 14 juillet 1919. Gallica / Bibliothèque nationale de France: EI-13 (2601).

 

Etablir les responsabilités

Non seulement l’Armistice du 11 novembre 1918 n’est pas la paix mais il s’en est finalement fallu de peu pour qu’il ne s’apparente même pas à la cessation des combats. C’est le 17 décembre 1918 que prend théoriquement fin la convention d’Armistice conclue le 11 novembre précédent, et sa prolongation n’est pas chose évidente. En effet, la guerre menée sur un mode interallié n’est plus vraiment de mise et Londres, Washington et Paris s’opposent quant aux modalités de cette paix qui reste à construire.

Georges Clemenceau. Library of Congress: LC-DIG-pga-13056.

Georges Clemenceau. Library of Congress: LC-DIG-pga-13056.

 

La France défend pour sa part une ligne dure. Pour Clemenceau, cela ne fait aucun doute : « L’Allemagne doit payer » et il importe de démontrer sa culpabilité dans le déclenchement du conflit. Plus modérées, Londres et Washington entendent ménager Berlin mais Paris n’en démord pas. C’est cette opiniâtreté qui conduit à l’article 231 du traité de Versailles : « L’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés ».

Le président américain visite les ruines de Reims le 26 janveir 1919. Carte postale (détail). Collection particulière.

Le président américain visite les ruines de Reims le 26 janvier 1919. Carte postale (détail). Collection particulière.

 

Les Etats-Unis, eux, affichent leur mauvaise humeur face au peu d’intérêt que le vieux continent montre à propos de la future Société des Nations, organisation supranationale censée prévenir les risques de conflits.

Ce n’est que le 28 juin 1919, soit cinq ans jour pour jour après l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand à Sarajevo, que le traité de Versailles est signé.

Cate postale. Collection particulière.

Carte postale. Collection particulière.