Auray
Jephson, Reeve et Taylor
Narrative of a walking tour in Brittany, 1859
53. Auray - Quay with Bridge and Shipping on the Auray river (« Le quai et le pont avec un navire sur la rivière »).
Collection Musée départemental breton, inv.998.13.1.53.
Le port d'Auray se reconnaît au premier coup d'œil sur cette photographie prise seulement huit décennies après le passage de Benjamin Franklin (1776). Et pourtant, mis à part le pont et le quai, bien peu de choses subsistent des constructions ici visibles sur la rive droite, au pied des rampes du Loch, face à Saint-Goustan : seulement la maison de gauche et le rez-de-chaussée de la suivante ; le reste a disparu. (J.M.M.)
Ayant planté leur tente sur la berge, à quelques mètres du quai, les deux photographes durent par deux fois expliquer les raisons de leur présence et exhiber leur passeport aux autorités civiles et militaires avant de pouvoir prendre leur cliché. Le personnage au premier plan est un officier des douanes. (D.P.)
Furne et Tournier
Vues, monuments et costumes de Bretagne (format demi-raisin), 1857
02. Auray - Costume de femme et intérieur d'habitation
Collection Musée d'Orsay, inv. Pho.1990.15.23.
La coiffe que porte cette femme occupée à filer comporte les larges ailes tombantes, qui par la suite s'amincirent et se relevèrent, mais continuèrent, dans la coiffe de travail, à enserrer largement le visage. Un « mouchoir » (petit châle) couvre ses épaules ; le tablier présente un devantier. Le costume d'Auray conserva ses caractères dans la suite de son évolution. Sur la table, parmi les accessoires sans doute rassemblés à la demande du photographe, est posée une « bue », cruche que produisaient en abondance les potiers de Saint-Jean-la-Poterie en Morbihan.
Hennebont
Jephson, Reeve et Taylor
Narrative of a walking tour in Brittany, 1859
52. Hennebont - Peasant, with Cart drawn by Oxen (« Paysan avec une charrette tirée par des bœufs ») [Attelage devant une quincaillerie].
Collection Musée départemental breton, inv.998.13.1.52
Dans la ville close, peut-être la grand'rue, une charrette tirée par un attelage de bovins s'est arrêtée à la hauteur d'une quincaillerie. À Hennebont, l'une des préoccupations de la municipalité était l'entretien des rues pavées du centre-ville. En 1838, redoutant les effets des intempéries et la poussière, elle préféra conserver le pavé traditionnel plutôt que de le remplacer par du macadam (mélange de pierres concassées et de sable), comme le lui proposaient les Ponts et Chaussées. (J.M.M.)
Reeve eut quelque peine à faire comprendre au conducteur de cet attelage ce qu'il attendait de lui. Il fallut les explications, en breton, d'un tiers et une poignée de pièces pour que le photographe put enfin, non sans mal, disposer l'homme et ses bœufs comme il l'entendait. (D.P.)
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
17. Hennebont - Une tannerie.
Collection Serge Kakou
Cette tannerie n'est, selon toute vraisemblance, pas celle qui exista en ville derrière l'église, près de l'hôpital, mais plutôt celle de Saint-Caradec, faubourg situé sur la rive droite du Blavet constituant autrefois une paroisse indépendante. Donnant sur l'actuelle rue Le Saëc, cet établissement sera remplacé par une menuiserie. L'abri largement aéré servait au séchage des peaux. (J.M.M.)
Cette vue fait partie de celles commentées par Lacan dans La Lumière du 7 novembre 1857 : « Pour peu qu'on ait l'imagination vive, on se croirait transporté au fin fond de l'Amérique [...] Des hommes à mine farouche se livrent, autour de ces habitations, à un travail mystérieux ; d'autres dorment étendus sur l'herbe. Sont-ce des boucaniers qui se livrent à leur sauvage industrie ? C'est tout simplement une tannerie à Hennebont. » (D.P.)
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
20. Hennebont - Porte de l'ancienne ville.
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.11.
À Hennebont, la « rue neuve » (plus tard rue du Maréchal Joffre) reliait la ville close à la basilique Notre-Dame du Paradis et à la route de Vannes. En raison de la courbe de la rue, le photographe a dû, pour saisir dans l'objectif l'ensemble de la porte de Broërec (XVe siècle), laisser de côté une belle maison à pan-de-bois dont on aperçoit en haut à droite un morceau du toit. Le 7 août 1944, les maisons seront détruites par les obus incendiaires allemands ; seule la porte sera restaurée. (J.M.M.)
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
23. Hennebont - Un lavoir.
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.14.
Après avoir été mis à bouillir, le linge était porté au lavoir, où les femmes se retrouvaient. Une fois propre et essoré, il était mis à sécher dans l'herbe ou suspendu. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Hennebont, dont la croissance avait été freinée par l'essor de Lorient, connaît un développement important avec l'arrivée du chemin de fer, la fondation des forges et celle du haras. En conséquence, la ville va devoir aménager de nouveaux lavoirs. (J.M.M.)
Qu'ils soient français ou anglais, peintres, randonneurs ou photographes, de nombreux voyageurs ont évoqué le charme des lavoirs et des lavandières qui " à genoux sur une planche, [...] battaient, rinçaient et tordaient ces malheureux draps, nappes et serviettes qui sont donnés au voyageur en si grande abondance, tandis que l'air résonnait des coups de leurs battoirs, du caquetage de leurs langues et du joyeux éclat de leurs rires. " (Jephson)
Landevant
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
15. Landevan (sic).
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.7.
Un porc cherche sa nourriture en pleine rue. Avec une attention au cadrage et à la lumière que n'aurait pas renié un peintre, est restituée l'âme profondément rurale d'un bourg. À peine reconnaît-on la rue de l'église à Landevant. Les chaumières et le puits ont disparu. À gauche, la façade de la grande maison a été modifiée. Au premier plan, la porte cochère du relais de poste est devenue une baie vitrée. (J.M.M.)
Le Faouët
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
46. Le Faouët - Portail de l'église Saint-Fiacre.
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.28.
La chapelle a été édifiée entre 1450 et 1480, grâce au mécénat des seigneurs locaux, les Boutteville, et des ducs de Bretagne. Pour accéder au porche sud, les fidèles doivent enjamber un échalier, destiné à interdire le passage aux bestiaux. Celui-ci n'apparaît pas sur la lithographie de Félix Benoist pour La Galerie Armoricaine (vers 1850). Le costume des deux hommes est celui représenté par Lalaisse au Faouët, vers 1843. (J.M.M.)
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
47. Le Faouët - Intérieur de l'église Saint-Fiacre.
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.29.
Depuis la porte centrale du célèbre jubé (1480), se découvre le chœur de la chapelle. L'autel du XVe siècle en granit est alors dissimulé par un habillage en bois polychrome. Les deux vantaux Renaissance de la porte du jubé, déposés en 1864, seront acquis en 1927 par le peintre américain Alfred Klots pour son château de Rochefort-en-Terre. En 1975, ils seront remontés dans le bas-côté de la nef. (J.M.M.)
Cette épreuve constitue l'unique exemple de vue d'intérieur dans la série de Furne et Tournier. Le collodion perdait en sensibilité à mesure qu'augmentait la durée d'exposition, durée que l'on peut estimer ici à quelques minutes. Il a sans doute fallu plusieurs essais avant d'obtenir cette image. (D.P.)
Pontivy
Jephson, Taylor et Reeve
Narrative of a walking tour in Brittany, 1859
67. Napoléonville - Curious hooded House in the Market-place (« Maisons à pans sur la place du Marché »).
Collection Musée départemental breton, inv.998.13.1.67.
À Pontivy (alors Napoléonville), la rue Nationale, alors rue Impériale, est la grande artère de liaison entre la ville nouvelle et la ville médiévale. Au-delà de la maison à tourelle dite « hôtel de Roscoët » (1578), donnant sur la place du Martray, commence la rue de Neulliac (aujourd'hui rue du général de Gaulle), appelée à être élargie. Les deux maisons en pan-de-bois céderont la place vers 1900 à un magasin moderne, « À la Belle Jardinière », plus tard « St Rémy ». (J.M.M.)
Lovell Reeve indique que l'on pouvait lire sur la maison à droite du marchand de tabac les mots « Débit de cartes et de poudre de chasse ». Il raconte que les deux fillettes que l'on distingue à l'entrée et qu'il pria de poser furent très déçues de se voir si petites sur la plaque négative. (D.P.)
Jephson, Reeve et Taylor
Narrative of a walking tour in Brittany, 1859
69. Napoléonville - Triumphal Arch erected to celebrate the Emperor's Visit (« Arc de triomphe érigé pour célébrer la visite de l'Empereur »).
Collection Musée départemental breton, inv.998.13.1.69.
Le briochin Jean-Marie Poulain Corbion, historiographe officiel du voyage de Napoléon III en Bretagne, décrit à l'envi tous les arcs de triomphe dressés sur le passage du cortège impérial et parmi eux ce " triple portique surmonté de l'aigle aux ailes déployées, et de faisceaux de drapeaux au milieu desquels se lisaient des inscriptions à la louange de Leurs Majestés. " Reeve jugea trop longues les ailes « paternalistes » de l'oiseau qu'il présente comme un symbole de l'impérialisme régnant en France. (DP)
Vannes
Furne et Tournier
Voyage en Bretagne, 1857
1. Vannes - Vue prise de la Garenne.
Collection Musée départemental breton, inv.2000.8.1.1.
Le paysage a bien changé depuis lors. À gauche de la tour du Connétable, le beffroi de l'ancien hôtel de ville est rasé en 1860 et, en façade de la cathédrale, le clocheton sud, cachant ici partiellement la flèche nord, est remplacé par une tourelle vers 1867-1873. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la ville crée des jardins dans le verger où était mis à sécher le linge lavé dans les eaux de la Marle. (J.M.M.)