Pierre Marzin et la saga électronique en Bretagne

Radôme, vue d’ensemble premières installations. Cette photographie prise en altitude permet de situer géographiquement l'ensemble du projet, à proximité de la côte de granit rose, édifié sur des landes de faible valeur. Le radôme est relié à un centre technique édifié un peu plus haut sur le plateau. C'est là que vont être édifiées d'autres antennes (PB2 etc., pour Pleumeur-Bodou 2) qui fonctionneront jusqu'au tournant des années 2000, lorsque Bercenay en Othe, dans le Nord Est de la France, prendra le relais. Aujourd'hui, la Communauté d'agglomération (Lannion Trégor Communauté) essaie d'y développer de nouvelles activités. Elle a même dû racheter des antennes pour conserver ce témoignage d'une époque prestigieuse révolue - Cité des télécoms Cnet Service des essais en vol

Auteur : Jean-Jacques Monnier

De façon inattendue, c’est dans la région rurale de Lannion que se produisent les plus grands bouleversements économiques des années 1950-1970. L’action d’un haut fonctionnaire des Postes et Télécommunications, Pierre Marzin, va marquer le Trégor et la Bretagne, C’est une étape majeure dans la décentralisation de l’industrie de l’électronique et dans la politique française d’aménagement du territoire.

L’impulsion de Pierre Marzin

Dès 1950, le premier « central téléphonique rural automatique intégral » (SRCT) est installé à Perros-Guirec. Trébeurden et Lannion sont ensuite équipés. Dès 1954, Lannion voit l’installation du premier « central téléphonique électronique intégral ». Derrière ces installations, un haut fonctionnaire breton, Pierre Marzin (1905-1994), fils d’un mécanicien agricole de Lannion, né en 1905, polytechnicien, diplômé de l’École nationale des télécommunications, directeur des recherches et du contrôle technique des PTT dans les années 1930. En 1954, il devient directeur national du Centre national d’études des télécommunications. Dès 1955, Trébeurden bénéficie de l’installation d’une entreprise fabriquant des ballons-sondes pour la météorologie. Elle produit des fournitures en matière plastique et de la mécanique de précision pour l’électronique. Il s’agit de la première activité en lien avec l’électronique en Bretagne.

Décentralisation

Visite du président de Gaulle. En octobre 1962, le président de Gaulle rend visite au CNET. Il est reçu par Pierre Marzin, directeur, et principal acteur du projet réussi de décentralisation de la recherche, et par l’avocat Henri Blandin, maire de Lannion depuis mai 1961, partenaire actif du projet au niveau municipal – Coll. Louis-Claude Duchesne

En juin 1955, une commission rédige, à la demande du gouvernement Edgar Faure, un rapport précis sur les sites des établissements publics de la région parisienne susceptibles d’être décentralisés en province. Seules les PTT (Postes, Télégraphe, Téléphone) répondent favorablement. En novembre 1956, un rapport sur la décentralisation administrative propose plusieurs déconcentrations de services de l’État, mais la plupart des responsables concernés affirment que le maintien en région parisienne est indispensable. « Un seul haut fonctionnaire a montré de la bonne volonté, un seul a dit oui, Pierre Marzin, directeur du Cnet », déclare René Pléven, président du Comité d’études et de liaison des intérêts bretons (Célib), et aussi président du Conseil général des Côtes-du-Nord, ancien président du Conseil, fréquemment ministre.

Pierre Marzin confirme : « La région lannionaise convient bien au projet » et l’on parle d’une première tranche : un laboratoire de 500 chercheurs. L’aérodrome de Lannion-Servel, à quelques mètres des terrains envisagés pour l’installation du Cnet, constitue un argument essentiel pour des transports rapides de personnes et de matériel. « Automatiquement, les usines suivront », ajoute le Trégorrois.

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