Auteurs : Annie Bardel et Ronan Pérennec / novembre 2016
L’abbaye de Landévennec a été fondée aux environs de l’an 500, à la pointe de l’Armorique, par Guénolé. Elle a connu son apogée sous l’Empire carolingien. Détruite après la Révolution, mais refondée vers 1950, elle est devenue, du fait de ses origines, un symbole de la christianisation de l’Armorique.
Les origines, entre tradition et histoire
La fondation de Landévennec a toujours été mise en relation avec la vague d’immigration bretonne. Mais les documents font défaut : les seuls écrits conservés retracent la vie du saint fondateur, Guénolé. Ils sont l’œuvre de Gurdisten, abbé vers 870.
La datation du premier établissement a longtemps été controversée. Elle oscillait en fonction des historiens entre le Ve et le VIIIe siècle. Elle est maintenant fixée vers l’an 500, suite aux résultats des recherches archéologiques en cours depuis 1978. La fondation s’inscrit donc bien dans le courant de christianisation lié aux migrations bretonnes. De ce fait, le site constitue un témoignage sur les premiers Bretons et leur intégration en Armorique.
Les fouilles archéologiques ont remis au jour l’oratoire primitif entouré d’un cimetière. Elles ont aussi permis de retracer la disposition naturelle des lieux. Le ruisseau qui traversait le vallon en son centre est maintenant transformé en nappe souterraine. On sait en outre que les premières installations se sont faites à proximité d’une villa gallo-romaine, aujourd’hui disparue. Son existence est confirmée par la réutilisation sur le site de matériaux provenant de sa destruction, entre le IXe et le XIe siècle.
On n’a pas retrouvé l’habitat primitif des moines, mais tout indique qu’ils ont pu occuper des bâtiments de la villa. La dissociation entre lieux d’habitation et enclos sacré est dans la logique de l’époque : on ne mélangeait pas les morts et les vivants.
Les transformations jusqu’au VIIIe siècle
Le déplacement de l’habitat monastique à la fin du VIe siècle constitue un changement essentiel. Un long bâtiment est accolé à la chapelle, dans le bas du vallon. Il préfigure exactement la future aile orientale avec la fonction de vie communautaire qu’elle a assumée par la suite.
Le mouvement s’amplifie en 660, où l’on voit apparaître les premières installations sur le versant sud, de l’autre côté du ruisseau. Ce sont des dépendances liées à la vie agricole et construites en bois. À la fin du siècle, la ferme est repoussée plus loin vers le sud. La grange de bois est réaménagée pour abriter les cuisines et le pressoir.
Vers 750, les deux ailes existantes sont reconstruites en pierre, mais le monastère conserve la même disposition. Il s’organise autour du ruisseau, qui l’alimente en eau et en devient un élément central, à travers une large cour délimitée par un mur et par les bâtiments. L’ensemble est protégé par une clôture, que l’on a retrouvée du côté de la mer. C’est une simple palissade de bois sur une base empierrée.
Cette évolution atteste l’expansion de l’abbaye, mais aussi une transformation progressive du mode de vie. Elle donne un caractère plus noble aux édifices monastiques, en les isolant des communs, repoussés à l’opposé du site. Dans le même temps, le sanctuaire est rebâti et agrandi par-dessus le précédent, arasé. Il est possible que le premier oratoire ait été fait en bois sur solin de pierres, alors que le second paraît maçonné.
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