Auteur : Hervé Le Bihan / novembre 2016
La langue bretonne est une langue de la famille brittonique du Sud-Ouest qui a assimilé, lors des arrivées successives des Bretons, les résidus du gaulois en Armorique d’autant plus facilement qu’il était lui-même très proche du brittonique, du fait des relations ininterrompues entre la péninsule et l’île depuis l’Antiquité. À partir du XIIe siècle le breton et les autres dialectes brittoniques se séparent pour former des langues. Dans le pays de Vannes, le breton, bien qu’en contact avec les parlers romans, garde des caractéristiques brittoniques communes avec le gallois.
Les Celtes et les langues celtiques
La langue bretonne est la seule langue celtique présente aujourd’hui sur le continent européen.
Son aire géographique est située face aux îles Britanniques, au sud des régions où l’on pratique une langue néoceltique. Cependant, dans l’Antiquité, presque toute la facade océane européenne était investie par des langues celtiques (voir carte ci-dessous). Les travaux de la deuxième moitié du XXe siècle, notamment, ont bien mis en lumière les différentes langues celtiques antiques, qu’elles soient atlantiques ou non, bon nombre d’entre elles étant éteintes lorsque le Moyen Âge commence.
Ces travaux mettent en évidence une culture atlantique dont la Bretagne actuelle serait au centre. Ils montrent également que les échanges, qu’ils aient été économiques, culturels ou linguistiques, ont été très intenses depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge au moins, ce qui est particulièrement vrai entre l’Armorique, l’île de Bretagne et l’Irlande (Cunliffe, 2012).
Les origines brittoniques : le breton du sud-ouest
Le brittonique antique nous est connu par très peu d’éléments, essentiellement des noms de lieux, de personnes, de peuples, de rares inscriptions. Ils montrent que cette langue est à peu près identique au celtique continental (Schmidt, 1980, 179).
Les différences entre langues brittoniques doivent être considérées comme étant les marqueurs dialectaux d’une langue dont le domaine a été bien plus étendu. C’est ainsi que le breton et le cornique apparaissent comme étant de la même famille, très proches, alors que le gallois, surtout celui du Nord, se rapproche de l’ancien brittonique du nord de l’île de Bretagne et s’éloigne quelque peu des deux autres langues néobrittoniques.
On désigne aujourd’hui le cornique et le breton comme étant le brittonique du Sud-Ouest. Ces deux langues ont en commun un fond de vocabulaire qui ne se retrouve pas en gallois (cf. breton kozh et cornique cōth « vieux », « longue vie », par exemple), ainsi que des formes verbales communes non connues par le gallois (Fleuriot, 1980, 63). Lorsque l’on aborde le cornique et le breton on aborde les prolongements d’un même dialecte qui formait avec le gallois ce que l’on a nommé tout au long du Moyen Âge la lingua britannica.
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