Auteur : Patrick Galliou / août 2018
Comme dans le reste de l’Empire romain, l’Armorique vit à partir de la fin du IIIe siècle une transformation politique, sociale et culturelle. Cette mutation, commune aux régions du nord de la Gaule, est marquée par un abandon des modes de vie nés de la conquête romaine.
La crise du Bas-Empire
La profonde crise politique, militaire, économique et sociale qui affecta une grande partie de l’Empire romain dans le dernier quart du IIIe siècle apr. J.-C. mit un terme à la période de paix et de prospérité qu’avait connue la Gaule depuis plus de deux siècles.
Les effets en sont partout visibles, dans les capitales des cités romaines, qui souvent s’entourèrent de murailles afin de protéger une surface bien plus réduite que celle de la ville (Rennes, Vannes, Nantes) ; dans les campagnes, où nombreuses sont ces unités agricoles que l’on appelle villas dont le bâtiment résidentiel montre des traces d’abandon ou de destruction partielle ; sur les côtes enfin, où les établissements de salaison du poisson, nombreux sur les côtes de la baie de Douarnenez en particulier, cessèrent définitivement de fonctionner.
Les invasions hors de cause
On ne croit plus que ce phénomène soit dû à des raids germaniques venus par terre ou par mer, les nombreux enfouissements monétaires – improprement qualifiés de « trésors » – propres à cette période résultant plutôt d’un sentiment général d’insécurité, et de réformes de la monnaie qui faisaient perdre toute valeur aux espèces enfouies. De même les fortifications dressées à Alet en Saint-Malo, au Yaudet en Ploulec’h (Côtes-d’Armor) et à Brest à la fin du IIIe siècle étaient-elles principalement destinées à garantir la sécurité du commerce maritime plutôt qu’à la lutte contre des « pirates » germaniques.