Née en 1886 à Plounévez-Quintin (22), Marie-Josèphe Martail grandit dans une famille pauvre de journaliers agricoles où le chant tient une place centrale. À 16 ans, en 1902, elle épouse Mataô Bertrand, un sabotier de Saint-Nicolas-du-Pélem, et quitte sa famille pour les huttes des sabotiers à Plussulien, Corlay, Canihuel où naissent leurs six enfants. Elle connaît alors la vie rudimentaire de ces artisans avant que la famille ne se sédentarise à Canihuel.
En 1958, elle participe aux premiers festoù-noz organisés à Lanrivain et Saint-Nicolas-du-Pélem et remporte plusieurs concours de chant. Elle commence à être connue et repérée par les acteurs du renouveau des festoù-noz. En 1959, les sonneurs Georges Cadoudal et Étienne Rivoalan se déplacent chez elle à Canihuel avec Claudine Mazéas, qui réalisera quatre séances d’enregistrement de la chanteuse : des documents d’anthologie et des références sonores incontournables aujourd’hui pour le chant en langue bretonne.
On y entend Marie-Josèphe Bertrand chanter Skolvan, Al lez-vamm, Iwan Gamus, Kimiad paotred Plouilio, Galvadenn bugel, An intañv, Ar bonom kozh, Igenane, Distro ar martolod,... un répertoire fabuleux de grandes gwerzioù, d’appels de bergers, de chansons de danse...
Elle décède à Canihuel en 1970 à l’âge de 84 ans, cinq ans avant l'édition du Cahier Dastum n°5 et du disque consacré au pays Fañch où sont diffusés pour la première fois neuf chants de son répertoire.
Marie-Josèphe Bertrand a largement inspiré toute la nouvelle génération de chanteurs. Tous saluent le talent exceptionnel et le beau répertoire de cette chanteuse et reconnaissent la force et la sensibilité de son chant, la qualité de sa voix, son sens de la variation et sa merveilleuse liberté d’interprétation. Elle est de ceux qui ont contribué le plus à la renaissance de la pratique de la gwerz chez les jeunes générations.
En 2008, Dastum a consacré un CD-Livret à Marie-Josèphe Bertrand dans sa collection « Grands interprètes de Bretagne ».