La Grande Maison
On peut raisonnablement penser que c’est suite à une demande du réseau des sœurs bénédictines du prieuré de Locmaria qu’arrive à Quimper, en décembre 1699, Jean-Baptiste Bousquet, maître pipier venu de Saint-Zacharie dans le Var.
La ville de Quimper bénéficie d’une situation géographique privilégiée. On y trouve de l’argile et du bois en abondance. La rivière et son port permettent des liaisons commerciales aisées. Ces raisons inciteront Pierre Bousquet, le fils de Jean-Baptiste, à quitter la ville de Marseille où il a été reçu maître faïencier à la fin de 1699, pour venir rejoindre son père.
Le 12 juillet 1708, peu avant le décès de ce dernier, il installe son atelier et construit un four. Par acquisitions successives il érige une véritable manufacture.
En 1731, Pierre Bellevaux, natif de Druy près de Nevers et venant de Rouen où il œuvrait en 1722 avec son oncle Edme Serrurier, épouse Marie-Jeanne Bousquet. Il travaille, jusqu’à son décès en 1743, avec son beau-père.
Avant de décéder, en septembre 1749, Pierre Bousquet marie sa petite-fille à Pierre Clément Caussy. Ce dernier est un faïencier de Rouen venu travailler à Quimper en 1747. Fort de son expérience passée il donne un nouvel essor à l’entreprise.
À cette époque la manufacture est alors la seule de Bretagne. Sa zone de commerce s’étend du Mont-Saint-Michel à Bordeaux puis jusqu’aux îles d’Amérique par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes basée à Lorient et à Port-Louis.
Le 14 septembre 1771, Antoine de La Hubaudière, ingénieur en second des Ponts et Chaussées de Bretagne, épouse Marie Élisabeth Caussy. Le jeune époux s’implique dans l’entreprise et, grâce à un œil neuf, lui donne de nouvelles orientations.
En 1779, il construit quatre fours à grès lui permettant de cuire de la vaisselle, des récipients, des drains ou des épis de faîtage. Son rang social lui ouvrant quelques portes, il obtient d’importants marchés avec le roi et devient fournisseur exclusif de faïences, grès et poteries pour l’arsenal de Brest, les hôpitaux militaires et l’équipement de la flotte royale.
L’entreprise restera entre les mains de la famille de La Hubaudière jusqu’en 1914, date de son rachat par Jules Verlingue.
La manufacture Éloury
François Éloury, né en 1732, est ouvrier chez Bousquet puis chez Caussy. Il habite le quartier de Locmaria. C’est à cet endroit qu’il construit un petit four à poterie. Son fils aîné, Guillaume, à peine âgé de 15 ans, l’aide dans ses travaux. En 1777, le couple Éloury acquiert une maison proche de la leur dont le rez-de-chaussée sert de boutique de vente. On y trouve des pipes et des poteries brunes qui pourraient être du grès. En 1779, au décès de François Éloury, l’entreprise possède trois tours, prémices de ce que sera la deuxième faïencerie de Quimper qui emploie 28 ouvriers, dont un peintre en 1808.
Guillaume Porquier achète en 1843 la manufacture de son oncle. Celle-ci prend alors le nom de son nouveau propriétaire.
Par association avec l’artiste Alfred Beau, en février 1875, la manufacture prend l’appellation Porquier-Beau qu’elle gardera jusqu’à sa fin en 1903. La production va devenir résolument artistique.
La poterie Dumaine
Issu d’une longue lignée de potiers, fabricants de grès au sel, Guillaume Dumaine naît à Ger (Normandie) en 1751. Entre 1775 et 1780, il travaille chez de La Hubaudière puis part fonder une manufacture de poterie et de faïence à Quimperlé. Il y épouse une Quimpéroise en 1783. Ayant fait faillite, en 1790 il revient à Quimper. C’est là qu’il souhaite fabriquer des buires en grès façon de Bordeaux. Il obtient des fonds du directoire du département, à la condition de se cantonner à ce type de production.
Au décès de Guillaume Dumaine, en 1843, la société est rachetée par Tanquerey. Formé par son oncle, Jules Henriot devient propriétaire de l’entreprise en 1891. Il embauche alors Camille Moreau, élève d’Alfred Beau, et se lance dans la fabrique de faïence. La manufacture rachètera le fonds Porquier en 1913. Suite à des difficultés, la faïencerie Henriot sera reprise par son concurrent HB en 1968.