Dinard et la Côte d’Émeraude comptent, dès la fin du XIXe siècle, parmi ces lieux de villégiature assidûment fréquentés par la haute société d’alors. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le déclenchement de la guerre, en août 1914, surprenne de riches touristes venus profiter des plaisirs de la Manche. Si les Britanniques parviennent pour la plupart à regagner leur pays, tel n’est pas toujours le cas des Russes et des Américains que le conflit piège en Bretagne.
Née le 19 juillet 1894 à Baltimore (Maryland, États-Unis), Mina Gladys Reid réside avec sa mère à l’hôtel Windsor de Dinard quand la guerre éclate. Francophile, elle a déjà séjourné, en 1913, pendant cinq mois dans l’hexagone. Elle est d’ailleurs apparentée au général Joseph Joffre, commandant en chef des troupes françaises.
Faut-il voir dans cette prestigieuse ascendance l’explication de son refus de retourner aux États-Unis pour se consacrer aux blessés de guerre, à Dinard, en tant qu’infirmière bénévole de l’hôpital complémentaire n° 28 installé à l’Hôtel Royal ? Cette hypothèse est hautement probable même si aucune archive ne nous permet d’en avoir l’absolue certitude. Le dévouement de la jeune femme, en revanche, ne fait aucun doute et est d’ailleurs récompensé par plusieurs décorations, dont la médaille d’honneur des épidémies (argent), qu’elle arbore fièrement à la poitrine.
Curieuse trajectoire du reste que celle de Mina Gladys Reid. Son engagement aux côtés des blessés cesse en effet en octobre 1917, lorsqu’elle retourne aux États-Unis pour se marier avec Virgile A. Lewis, un ambulancier qui lui aussi sert comme volontaire en France depuis 1914. Entré en guerre depuis avril 1917, débarqué en Bretagne via Saint-Nazaire depuis juin 1917, l’Oncle Sam concentre ses forces pour prendre d’assaut les troupes du Kaiser lorsqu’il perd l’un de ses plus fameux anges blancs.