Pillages de bris de mer

Auteur : Annick Le Douget / février 2021

Le droit de bris était l’un des privilèges féodaux au Moyen Âge, organisé au profit des seigneurs, avant qu’il ne soit réglementé progressivement par la puissance ducale, puis totalement interdit par le roi dans son Ordonnance de la Marine de 1681. Devant l’abandon forcé du droit de bris par les seigneurs, ce sont les riverains qui s’en sont emparés et qui, depuis, le considèrent comme un droit inaliénable. Les bris de naufrage qui s’échouent sur « leur » littoral leur appartiennent, et sont exploités ouvertement, sans souci de se cacher de l’autorité, du moins dans la première moitié du XVIIIe siècle.

Au XIXe siècle, c’est la douane seule qui doit réceptionner les bris de naufrage échoués, et leur vol est un crime. Mais dans l’esprit des riverains, un naufrage reste un don de la mer et la pratique du droit de bris a valeur de coutume. Aussi, les interventions des douaniers, représentants de la loi, dégénèrent-elles souvent en violences. La persistance du crime de pillages de bris de mer dans la première moitié du XIXe indigne les présidents des cours d’assises qui assimilent les pilleurs aux naufrageurs, et qui, dans leurs discours, ne manquent pas d’opposer la barbarie à la civilisation, en évoquant les « habitudes pillardes » prévalant sur les côtes bretonnes ! Mais selon le mot d’un magistrat en 1834, « dans l’opinion du pays, ceux qui se permettent ces sortes d’infidélités ne sont pas considérés comme des voleurs ».

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Auteur : Annick Le Douget, « Pillages de bris de mer », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 22/02/2021.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité