Les Gens de Saint-Démet par Monique et Robert Gessain
Sous l’égide du Comité du film ethnographique fondé en 1953 sous l’impulsion d’ethnologues et de cinéastes pour affirmer une démarche à la fois scientifique et cinématographique, Monique et Robert Gessain réalisent cinq montages, rassemblés sous le titre Les Gens de Saint-Démet (saint Démet étant le saint patron de Plozévet). Les premières prises de vues sont réalisées dès l’été 1961, sur des thèmes spécifiques n’ayant que peu (ou pas) de rapports avec les recherches alors engagées ou à venir. Ainsi, ce film sur l’alimentation qui ne s’intéresse pas aux aspects nutritionnistes étudiés par ailleurs. Ces films, tournés avec une caméra 16 mm couleur sans son synchrone (ceux-ci enregistrés en parallèle), les conditions techniques et financières ne permettant pas une bonne synchronisation images/sons, privilégient le commentaire en voix off à la parole des personnes filmées. Le directeur de la photographie est Roger Morillère, du Centre de formation aux recherches ethnologiques du Musée de l’Homme. Sur la trentaine d’heures de rushes, cinq montages ont été réalisés. Ils traitent de la vie des habitants du petit port local, Les Pêcheurs de Pors Poulhan (1965, 34’), de celle des paysans, Les agriculteurs (1965, 48’), des habitants du bourg, Le Bourg (1966, 48’), de l’alimentation, Les Gestes du repas (1966, 33’), de la coiffe bigoudène et du métier de tailleur, Le Costume (1966, 20’).
Film ''Les agriculteurs''de Robert et Monique Gessain (1966). Source : La cinémathèque de Bretagne
Ces films, sorte d’ethnologie de sauvegarde, se centrent beaucoup sur des réalités en voie de disparition. Le thème du changement est abordé en accentuant les contrastes entre une civilisation traditionnelle qui se meurt et une société contemporaine qui apporte de nouvelles façons de produire, de consommer et de vivre.
Décriés par certains Plozévétiens à l’époque, car donnant d’eux une image archaïsante, ils sont aujourd’hui très appréciés. Témoignages vivants d’une culture et d’une société en grande partie disparues, ils sont revendiqués comme partie intégrante du patrimoine de la commune.
Goulien, par Christian Pelras
Alors que l’équipe de tournage du Musée de l’Homme filme à Plozévet et tarde à venir à Goulien, l’ethnologue Christian Pelras acquiert à ses frais une caméra 8 mm Eumig pour documenter ses recherches de terrain (1962-1964). Ainsi tient-il au jour le jour une sorte de carnet d’enquête filmé d’une rare vérité.
Film ''Lever du jour à Goulien'' de Christian Pelras en 1963. Source : Cinémathèque de Bretagne
Lors de sa revisite en 2000, il a été décidé d’en faire un nouveau montage avec l’aide technique de la Cinémathèque de Bretagne. Un pré-montage a été visionné par les personnes alors filmées ou par leurs proches, leurs commentaires constituant l’essentiel de la bande-son du montage définitif, Travaux, fêtes et saisons dans le Cap Sizun : Goulien 1962-1964.
Valorisation
Les Gens de Saint-Démet, ainsi que leurs rushes, ont été déposés par le Musée de l’Homme au Musée de Bretagne. Celui-ci a chargé la Cinémathèque de Bretagne de les numériser et de les promouvoir. Films et rushes sont librement consultables sur le site de la Cinémathèque de Bretagne, comme les films sur Goulien. Par ailleurs, la Cinémathèque de Bretagne a un ensemble de 75 bandes-son enregistrées pendant les tournages (avec transcription et traduction des éléments en breton et en français).
