La musique traditionnelle bretonne est-elle une musique authentique ? Par Laurent Bigot
Dès le 19e siècle, on observe l’inquiétude qu’ont les folkloristes quant à l’authenticité des répertoires interprétés par les sonneurs de Basse-Bretagne : « … [Évitez] autant que possible les airs français vulgaires qui ne conviennent pas, en général, aux danses bretonnes », demande Alfred Bourgeois aux sonneurs du concours de Brest (1895). Cette inquiétude va se perpétuer jusqu’au 20e siècle, à tel point que la toute jeune B.A.S., dès sa fondation, créera un poste de « censeur musical » afin de contrôler l’authenticité des répertoires joués par ses membres. De nos jours, le débat existe toujours dans le milieu musical breton, tant sont nombreux les emprunts réalisés par les musiciens eux-mêmes auprès d’autres musiques ou d’autres traditions.
Cette authenticité musicale existe-t-elle réellement ? Si oui, se retrouve-t-elle plus chez les chanteurs, ou plus chez les instrumentistes ? Jusqu’où peut-on remonter dans le temps pour définir cette éventuelle authenticité ? Les questions sont nombreuses, et les réponses ne sont pas forcément évidentes. L’écoute et la comparaison d’enregistrements de terrain, liées à la prise en compte de différentes archives, nous permettront, si ce n’est de définir des normes, du moins de manipuler avec précaution ce concept d’« authenticité ».
Ethnologue, Laurent Bigot est chargé de la documentation des archive sonores de Donatien Laurent (CRBC-UBO Brest). Professeur d’Enseignement artistique (ER) au Conservatoire à rayonnement régional de Brest et au Pôle d’enseignement supérieur Musique et Danse Bretagne-Pays-de-Loire, il est également musicien traditionnel.