En 1956 est créée l’association La Maternité heureuse par la sociologue Évelyne Sullerot et la gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé. Celle-ci se donne pour objectif l’amélioration des conditions de la maternité et de la naissance. Elle devient le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) en 1960. Le MFPF développe des antennes locales et ouvre des centres d’information dès 1961 à Paris et Grenoble. Il s’appuie sur la presse, un réseau politique (Parti socialiste unifié et Section française de l’internationale ouvrière) et associatif (Ligue des Droits de l’Homme, Fédération des œuvres laïques, Ligue de l’enseignement, mouvements francs-maçons) pour se faire connaître et se développer. André Cahn, fondateur de l’association d’Ille-et-Vilaine du MFPF, est à l’image de cette nébuleuse militante et politique. Au moment de son engagement au MFPF, il est titulaire au comité fédéral de la fédération Force ouvrière des industries de l’énergie électrique et du gaz. Dans le cadre de cet engagement syndical, il préside à la Caisse régionale d’assurance-maladie de Bretagne. La permanence de l’association d’Ille-et-Vilaine du MFPF se tient d’ailleurs à ses débuts dans les mêmes locaux que FO.
Pourquoi militer au Planning familial dans les années 1960-1970 ? Le film Les Chevalières de la table ronde (réalisé par Marie Hélia en 2013) nous offre des témoignages de militantes de Brest, Concarneau, Quimper et Quimperlé. Maryvonne entre au Planning familial de Quimper car elle trouve que la sexualité est réprimée tandis qu’Odette de Quimperlé et Claudie de Brest évoquent des situations dramatiques de grossesses non désirées, la nécessité de l’avortement et de l’espacement des naissances. Catherine de Quimper se dit, quant à elle, poussée par un rejet de la religion catholique et de l’injonction à la pureté virginale. Maryvonne de Quimper milite aussi au MLAC, un mouvement qui pratique des avortements clandestins à partir de 1973.
On trouve trace de l’imbrication de ces réseaux MLAC-MFPF dans d’autres villes de Bretagne, comme Saint-Brieuc. Le carnet de bord de l’association des Côtes-du-Nord du MFPF (1967-1982), comprenant Lannion, Saint-Brieuc, Rostrenen, Guingamp, puis Quintin, Loudéac, Paimpol et Dinan, montre des actions communes comme des manifestations ou des réunions au sujet de l’avortement. À ces deux mouvements s’ajoutent enfin la dynamique des « groupes femmes », des antennes locales de Choisir et d’autres collectifs locaux féministes et lesbiens. La lutte pour l’accès à la contraception et le droit à l’avortement se construit et se nourrit de la diversité des groupes féministes et lesbiens, imbriqués souvent les uns-les autres et se composant d’une façon unique dans chaque ville.