La singularité d’un pays, son identité, tient autant à l’originalité de son architecture qu’à celle de ses campagnes et l’attachement des populations des territoires bocagers à leurs paysages est issu de cette histoire.
La perception de l’arbre et de la haie est avant tout affective. Chacun détient une expérience toute personnelle des perspectives et des ambiances qui se dégagent au fil des haies et aux détours des chemins. Odeurs, lumières et bruissements accompagnent une architecture végétale sans cesse changeante. Au gré de la progression, selon la saison, l’heure de la journée et la couleur du ciel, les rideaux d’arbres se succèdent et livrent de nouvelles perspectives et des atmosphères changeantes. L’harmonie esthétique des paysages de bocage résulte d’une alchimie qui mêle savamment les lignes de talus, les essences qui les surplombent, l’occupation du sol des parcelles et les sinuosités des chemins.
Derrière cette apparence bucolique se cache une autre réalité : le bocage est un espace « construit » où l’histoire de la société paysanne transparaît en filigrane. À la différence des parcs et des jardins, les considérations esthétiques n’ont pas guidé cette construction. Les talus et les haies doivent leur existence à leur utilité dans une économie rurale aujourd’hui révolue
Chaque pays de bocage présente des spécificités qui le distinguent des autres. Ainsi en est-il des haies basses, taillées, de Normandie, des hauts talus-murs de Basse-Bretagne ou encore des têtards du Val de Loire.
Caractéristique majeure du pays de Rennes, les haies présentent une forte densité de chênes émondés verticalement, appelés « ragosses », « ragoles » ou simplement « émondes ». La structure végétale qui résulte de ce traitement marque profondément les paysages d’Ille-et-Vilaine et contribuent à leur identité.
Photographies : Marc Rapilliard