Alors, ma mère, pour joindre les deux bouts, elle fabrique des tamis pour la farine, en ronce, qu'elle vend sur les marchés.
Mon père, Jos, et mon grand père avant lui, ils ont toujours fait chiffonniers, pilhaouerien.
Quand on commence, nous les garçons, on a à peine quatorze ans.
Avec nous il y a la jument blanche de mon oncle Fañch.
Paotred ar marc'h gwenn, qu'on nous appelle, et mon père, c'est Jos Pilhaouer.
Des fois, ma mère vient aussi avec nous, pour trier les chiffons.
On fait le chiffon entre Toussaint et Noël, entre le premier de l'an et le semis des pommes de terre en mars puis en mai jusqu'aux foins de la Saint-Jean
Parfois, les couples de chiffonniers louaient une maisonnette où ils stockaient au fur et à mesure les ballots collectés. C'est la femme qui restait trier la marchandise. On fait une différence entre drap, coton, mérinos, laine, chanvre, rideaux et chiffons propres. Le mot drille, de l'ancien français (1370), désigne un chiffon.