Confectionné en laine, le kab an aod est déperlant, coupe-vent et chaud, bien que n’étant pas doublé. Il dispose d’une capuche, d’épaulettes et d’une poche ventrale servant à protéger les mains. Appelé parfois « froc », le drap dont il est fait est foulé et tissé très serré (c’est ce qui le rend imperméable). Les bordures de l’étoffe sont crantées pour éviter qu’elle ne s’effiloche. Avant d’être détrôné en 1950 par le terme « kabig » jusqu’alors employé pour les vêtements d’enfant, sa couleur écrue d’origine lui a valu son autre nom, le « kab gwenn », le manteau blanc. Les couleurs bleu et rouge de la lisière désignent les bordures typiques des fabrications des établissements Morin à Dieulefit dans la Drôme, qui se sont substituées aux draps provenant de Montauban (Tarn-et-Garonne) et de l’Isère juste après-guerre. Dans le Léon, les couturières, qui utilisaient ce drap du sud-est de la France jusqu’à son abandon par l’entreprise Morin en 1959, en faisaient une ornementation de devant.
Un drap venu de loin
Auteur : Pascal Aumasson / octobre 2022
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Auteur : Pascal Aumasson, « Un drap venu de loin », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 7/10/2022.
Auteur : Pascal Aumasson
Observateur des cultures populaires, Pascal Aumasson, conservateur du patrimoine honoraire, a dirigé les musées d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, le port-musée de Douarnenez, le musée de Bretagne à Rennes et le musée des beaux-arts de Brest métropole. Il est l’auteur de publications rapprochant les sources des sciences humaines, dans lesquelles les objets de collections patrimoniales sont confrontés à des récits de vie (aux archives…), dans une conception de l’histoire comme approche du changement plutôt que comme une science du passé.