Auteur : Gilles Simon
Créé en 1972 au sein du cercle celtique de Pont l’Abbé, Sonerien Du est le plus vieux groupe de musique bretonne toujours en activité. Mélangeant, dès le début, sonorités traditionnelles et contemporaines avec énergie, il se caractérise aussi par une évolution continue de la composition du groupe qui a eu, en tout, pas moins de 23 musiciens « permanents ».
C’est en septembre 1972 que le sonneur Yann-Korentin Ar Gall (27 ans) fonde le groupe Sonerien Du avec son compère sonneur Dani Tanneau (27 ans), le chanteur-guitariste Raymond Riou (22 ans) et l’accordéoniste Gilles Rolland (16 ans). Tous sont nés à Pont-l’Abbé, dans le pays Bigouden. La formation choisit son nom en référence à une légende bigoudène. L’idée musicale est d’associer les instruments du couple de sonneurs bretons (biniou, bombarde) et les instruments contemporains (accordéon, guitare folk, basse électrique, pedal-steel, etc.). Elle a émergé dans le cercle celtique de Pont-l’Abbé quand des musiciens jouaient des intermèdes entre les différentes danses. C’est au retour d’une tournée du cercle en Allemagne et au Danemark que Sonerien Du a été créé.
L’essor d’un groupe tonique
Voguant sur une grande « vague celtique », Sonerien Du se lance en 1973 dans une activité frénétique. Deux albums 33 tours sont publiés chez ArFolk. Bal breton est vendu à 6 000 exemplaires en deux mois (100 000 exemplaires au final), un succès donc, qui autorise un deuxième disque. Ce Vol.2 comprend le fameux laridé « Jean-Marie » qui clôture, encore aujourd’hui, la toute fin des prestations des « Du ». Le groupe joue de la musique à danser, en chantant en français ou en breton. Le concept de « bal breton » permet d’associer les danses de différents pays bretons. La composition du groupe évolue vite. Dès le début de 1973, Yann-Korentin Ar Gall (1945-1995) passe le relais à Yann Goas (1937-2021). Ar Gall préférait une approche traditionnelle de la musique. Sonerien Du inaugure là une pratique originale : le changement en continu de son agencement. Au total, depuis 1972, le groupe s’est appuyé sur 23 musiciens « permanents » (une année au moins de présence). Deux autres musiciens arrivent aussi en 1973 : le guitariste Didier Quiniou (1954-2014), et Jean-Pierre Le Cam (né en 1949) qui va prendre la basse électrique. Le groupe acquiert une solide réputation, avec son entrain et sa force vocale. D’autres groupes sont peut-être plus virtuoses, mais Sonerien Du a la pêche.
En 1975, un troisième album (Volume 3) est enregistré avec le guitariste Dan Ar Braz (né en 1949), et Michel Santangeli (1945-2014) qui a été aussi le batteur de Stivell et d’Higelin. Puis, Sonerien Du devient professionnel en 1976. C’est l’un des tout premiers groupes de fest-noz, sinon le premier, à faire ce pas. La formation évolue encore. Didier Quiniou a déjà quitté la formation car il n’était « pas fait pour ce métier ». Dani Tanneau passe le relais à Christian Desbordes (né en 1957). Être professionnel permet d’accepter toutes les dates qui sont proposées, notamment dans les pays d’Europe du Nord. Sonerien Du débute une nouvelle manière, alternant les festoù-noz, l’été en Bretagne, et les concerts en Allemagne, aux Pays-Bas, etc. Cette activité se traduit en 1977 par le « record » du groupe toutes périodes confondues : 126 dates, avec 109 festoù-noz et 27 concerts à l’étranger.
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