Auteur : Laurent Bourdelas / novembre 2016
Le lundi 28 février 1972, Alan Stivell (né Alain Cochevelou en 1944, fils de Georges, qui ré-imagina la harpe celtique dans les années 1950) était à l’Olympia pour un concert mythique à l’origine de la « vague » bretonne et celtique qui allait déferler sur la France et ailleurs.
La musique bretonne s’invite à l’Olympia
Une foule enthousiaste se pressait à l’Olympia, des gwenn ha du furent brandis ; il y avait dans la salle à la fois des amateurs de folk et de très nombreux Bretons de Paris et de la région parisienne. Sur la scène, bouillants d’énergie, Alan Stivell : chant, harpes celtiques, flûte irlandaise, bombarde ; Gabriel Yacoub : guitare, dulcimer, banjo, chant ; Rene Werneer : fiddle (peut-être aussi dulcimer) ; Pascal Stive : claviers ; Gerald Levasseur : basse ; Henri Delagarde : violoncelle ; Dan Ar Bras : guitare électrique et acoustique ; Michel Santangeli : batterie ; Serj Parayre : caisse claire écossaise ; Mik Le Biz : bombarde ; Michel Clec’h : flûte.
Le live enregistré à cette occasion rend bien compte du plaisir ressenti ce soir-là par le public, qui applaudit à tout rompre, y compris pendant certains airs. Treize titres figurent sur le 33 tours – ce sont tous, à l’exception du premier, des airs traditionnels arrangés par Stivell : The Wind of Keltia, le très rock Pop Plinn, An Dro, The Trees They Grow High, An Alarc’h (chant de guerre en dialecte de Cornouaille issu du Barzaz Breiz), An Durzhunel, Telenn Gwad, The Foggy Dew (chant en l’honneur des combattants de l’indépendance irlandaise, écrit en 1919), Tha mi sgith, The King of the Fairies, Kost ar c’hoad, la fameuse Suite sudarmoricaine (introduction musicale suivie de la chanson presque paillarde Pardon Spezed) ; et puis, bien sûr, c’est lors de cet Olympia que fut chanté et enregistré Tri Martolod, devenu un véritable tube par la suite, diffusé en radio et chanté à la télévision, souvent demandé ou espéré par le public des concerts de Stivell. Il s’agit d’une ronde à trois pas que l’on rencontre sur toute la côte de Bretagne et plus particulièrement en Sud-Cornouaille. C’est l’histoire de trois jeunes marins partis vers Terre-Neuve qui se transforme en dialogue amoureux avec une servante avec qui le narrateur, pauvre, souhaite se marier. C’est adolescent que le chanteur a découvert cette chanson, recensée par Polig Montjarret sous le titre Tri-ugent martolod (60 marins) dans son recueil d’airs pour cornemuses. Alan l’a adaptée avec cette introduction à la harpe celtique cordée métal si caractéristique et la voici interprétée face à ce public qui se l’approprie immédiatement, avec joie.