Le 2 mai 1966, les premiers tronçons de la coque d’un paquebot commandé par la République populaire de Chine sont mis en place sur la cale n° 1 des Chantiers de l’Atlantique. Il s’agit du Yaohua, qui sera le dernier navire nazairien lancé sur une cale inclinée, celle de Normandie et France.
En pleine Révolution culturelle, six ingénieurs chinois chargés du suivi de la construction du Yaohua vont fréquenter leurs homologues nazairiens. Ce bâtiment, qui va rejoindre la flotte de la China Ocean Shipping Company (COSCO), est un paquebot de type mixte, c’est-à-dire pouvant transporter 300 passagers, mais aussi du matériel. Ce navire est destiné à la ligne Chine-Tanzanie en Afrique de l’Est, assurant le transport des cadres et des ouvriers engagés dans la construction du chemin de fer Tan Zam, entre Dar es Salaam et les mines de cuivre de Zambie. Pour Pékin, qui veut briser son isolement sur la scène internationale, la coopération en direction du tiers-monde est une priorité.
Le 10 décembre 1966, sur la cale n° 1, d’immenses drapeaux rouges aux cinq étoiles de la Chine communiste claquent au vent. Pour le lancement, la délégation chinoise, en tenue « Mao », tient à remercier les ouvriers nazairiens en leur offrant 12 000 insignes de Mao Zedong ! Sur le Yaohua, le Grand Timonier est en effet omniprésent, en pied ou en buste, impassible, souriant ou sérieux.
Le 8 septembre, le paquebot quitte Saint-Nazaire pour rejoindre Shanghai. La Chine est alors au bord de la guerre civile avec une Révolution culturelle qui semble échapper à ses initiateurs. Le Yaohua va pourtant retrouver sur la ligne Chine-Tanzanie un autre paquebot construit à Saint-Nazaire, le Jianhua, ex-Foch mis en service en 1951 et racheté par les Chinois en 1966.