« Quelle est la première chose, mon fils, que doive faire un bon travailleur ?
La première chose est de faire des talus. Sans talus tu n’auras rien.
Si tu laisses ton champ ouvert aux bêtes et au vent de mer,
Ce qui t’en restera ne remplira pas la bourse du barde. »
An den kozh dall, complainte recueillie à Prat en 1830 par Jean-Marie de Penguern (1807-1856) « Diougan Gwenc’hlan », Bibliothèque nationale, Collection J.-M. de Penguern, tome 94, p. 144-147.
Les opérations liées au talus et à la haie se font entre le début du mois de novembre et la fin du mois d’avril. Lorsqu’un agriculteur décide de construire un talus, il tient compte des conditions météorologiques. Un talus ne doit pas être complètement imperméable car il doit permettre la pousse de la haie. Il faut trouver l’équilibre entre trop d’eau et trop peu. La première étape consiste à dégager la zone où va s’élever le talus : on procède alors à un premier mottoyage à l’aide d’une houe. Au départ, les mottes sont découpées en plantant la houe le plus droit possible, puis, petit à petit, on incline la houe pour donner un angle plus prononcé à la motte, ce qui permet en les montant de faire la pente du talus (c’est la superposition des mottes qui donne son inclinaison au talus). On dégage ainsi une zone de 5 à 6 mètres. Les mottes découpées sur cette zone ne suffisant pas à la construction complète du talus, on les prélève ensuite sur le champ. Une fois la zone prête, on pose deux bordures de mottes rigoureusement parallèles. On remplit de terre entre les bordures et on tasse. Puis on rajoute deux bordures sur les deux premières, mais toujours un peu en retrait, et en décalant les joints. Mikael Madeg, auteur d’un ouvrage sur le sujet, explique : « Dès lors, il faut commencer à prévoir son stamp (en bon français : “angle de talutage optimal”). On recharge, on re-tasse, etc. Quand on arrive à la hauteur souhaitée, on rétrécit brusquement pour faire un joli sommet convexe (pour chasser l’eau). Et on tasse. »
