De l’importance du pain perdu au porto... ou quand les patrimoines singuliers nous nourrissent - Caroline Troin
La question était vaste : comment la différence, entre citoyens bretons et citoyens étrangers résidant en Bretagne, peut-elle être source de lien social ? Comment des initiatives de Bretons, qui s’appuient sur leurs traditions, peuvent-elles les mener à découvrir l’Autre ? Comment ces étrangers, justement, ont su valoriser certains de leurs savoir-faire, pour aller jusqu’à pousser la barrière du voisin ?
Ni une ni deux, en route !
Obligée de goûter le pain perdu au porto des mamies portugaises de Groix, de s’initier aux danses ivoiriennes en compagnie d’un griot « breton calciné », d’arpenter les villages et cités du Méné investis par des familles maliennes depuis 1970... De nous retourner sur l’histoire des exilés espagnols, de relire Salido de Louis Guilloux. Obligée d’assister à un mariage kurde, de goûter encore une fois les gâteaux kabyles, de tenter la broderie hmong dans la campagne de Lanvénégen... Bref, de faire communautés, de faire « musiques ensemble », comme on fait humanité.
Alors entre ceux qui collectent, fouillent les mémoires, font œuvre de transmission ; ceux qui créent, luttent contre les préjugés, valorisent... ceux qui lancent des aventures épistolaires, des rencontres musicales qui durent, des forums et des arbres à palabres...
Que nous dit cette modeste enquête ? Tout reste à faire (c’est ça qui est bien !) Démêler, recenser, analyser, proposer.
Nous sommes juste convaincus, en revanche, que tous ces chemins singuliers nous emmènent loin. Loin des replis, loin des grincheux, loin de ceux qui voudraient assombrir le ciel breton...
Biographie
Caroline Troin est coordinatrice de Rhizomes, une association née en 2012 pour arpenter les paysages humains. Elle organise des résidences d’auteurs, toujours venus de ce drôle de pays de « l’étranger »... Auparavant, elle fut pendant vingt ans au sein du Festival de cinéma de Douarnenez.