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Des collaborateurs bretons prennent la fuite - Été 1944

A l'été 1944, alors que les troupes alliées libèrent la Bretagne, les collaborateurs les plus compromis s’enfuient. Après s’être réfugiés en Allemagne, la plupart s’exile vers d’autres pays après 1945. L'historien spécialiste de l'épuration Marc Bergère a étudié les écrits de ces anciens collaborateurs. Ils témoignent de la volonté de construire une contre-mémoire des événements.

Durant le second conflit mondial, le collaborationnisme est extrêmement marginal en France. La Bretagne ne fait pas exception : « l'adhésion à ces partis est très, très marginale et très limitée et ils sont, il faut bien le reconnaître, la plupart du temps, assez honnis de l'opinion en Bretagne comme ailleurs », rappelle Marc Bergère, professeur d'histoire contemporaine, spécialiste de l'épuration. Il a publié récemment l'ouvrage Lignes de fuite, l'exil des collaborateurs français après 1945, dans lequel il s'intéresse aux écrits de ces exilés, notamment bretons.  Toutefois, des hommes et des femmes vont travailler activement avec l’Occupant. Parmi eux, figurent des intellectuels, qui gravitent autour du Parti National Breton. Il existe aussi des engagés militaires, comme les membres des Bagadoù stourm, le service d’ordre du PNB. D’autres s’investissent dans la lutte contre la Résistance, contre les maquis. Certains d'entre eux finiront même sous uniforme allemand. C'est notamment le cas de l'unité Perrot.

Quand les troupes alliées arrivent en Bretagne à l’été 1944, il leur faut fuir. « Très clairement, ce sont les plus compromis, les plus menacés potentiellement ou qui se considèrent comme tels, qui ont bien compris que leurs engagements antérieurs risquaient de leur attirer des ennuis à eux ou à leur famille, donc à la Libération qui s'annonce. C'est clairement eux qui fuient les premiers et qui anticipent la Libération », explique Marc Bergère. Ces collaborateurs en fuite passent d’abord par l’Allemagne, avant de rejoindre d’autres pays : l'Argentine, l'Espagne de Franco ou même l’Italie et la Suisse. Dans le cas des Bretons, le Pays de Galles, où se constitue le Welsh-Breton Comittee en 1947, devient une terre d’accueil pour les fuyards. Un répit de courte durée :  dans un deuxième temps, ils partent en Irlande car le pays est plus sûr que le Pays de Galles, sous autorité britannique et donc sans garantie contre une extradition.

Ces hommes, qui sont souvent des intellectuels, vont bientôt prendre la plume. De manière générale, leurs écrits développent une sorte de contre-histoire du conflit : « Le but de cette littérature, c'est de développer une sorte de contre-mémoire de la libération, de contre-mémoire de l'occupation, de contre-mémoire de l'épuration. Il y a une spécificité dans le cadre du mouvement breton. Toute l'idée, c'est de dire qu'ils ne sont pas persécutés ou qu'ils ne subissent pas la répression en raison de leur collaboration, qui est une collaboration avec l'ennemi, mais en tant que militants culturels, analyse Marc Bergère. Assez vite, cette littérature se trouve des relais à l'étranger mais aussi en France, dans une presse de droite, voire d'extrême droite.

Yann Fouéré, par exemple, explique dans une brochure que l'engagement d'une minorité sous uniforme allemand contre la Résistance aurait servi d'alibi à la Libération pour discréditer tout le mouvement breton. C'est sur cette base qu'une délégation galloise visite la Bretagne au printemps 1947 pour enquêter sur l'épuration du mouvement. Son rapport ne répond pas aux affirmations de Yann Fouéré. « Quand on lit ce rapport, il reste quand même assez prudent sur l'angle politique, et la délégation n'apporte finalement pas vraiment de nouveau et encore moins de preuves aux allégations d'excès ou de persécutions systématiques du mouvement breton. » conclut l’historien.

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L’Almanac’h est une série produite par Bretagne Culture Diversité.
Réalisation : Antoine Gouritin.
Responsable éditoriale : Anna Quéré
Musique originale : Jeff Alluin.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité

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