C’est une belle histoire qui pourrait passer pour une légende celte. Le 23 juillet 1745, en posant ses pieds sur la plage d'Eriskay, Bonnie Prince Charlie laisse tomber des graines de Calystegia soldanella. Pour le botaniste nantais Roland Mogn ce liseron de mer ne se trouve que sur le haut des dunes maritimes ouvertes, sur une frange de quelques mètres. Il précise que « cette plante est cosmopolite, c'est-à-dire qu'elle supporte une grande amplitude thermique, la station de Eriksay est bien sa limite nord-ouest européenne. La plante est commune en Bretagne. Eriskay est un isolat séparé de la zone de répartition principale de la plante. Il y a donc eu un apport ». Ce spécialiste des plantes conclut : « Les caractéristiques de cette graine plaident pour un transport non aviaire, ce qui renforcerait la véracité du récit de l'intervention de Charles-Edouard Stuart. Il y eut aussi un coup de chance : cette plante, qui supporte à peu près tous les climats maritimes, est l'une des rares espèces que l'on pouvait transporter, avec quelque chances de germination, des dunes de Saint-Nazaire à celles d'Eriskay ».
A proximité du bourg de Saint-Nazaire, où le prince a séjourné, se trouve à l'époque une vaste dune qui sépare la plage d'une zone marécageuse. Nous pouvons prendre la liberté d'imaginer le prince respirer l'air du large en se promenant dans la dune qui court jusqu'aux abords du manoir de la branche nazairienne des Walsh. Roland Moign avance une explication : « Peut-être qu'au départ il a ramassé ces graines par jeu sur la dune. Puis, les ayant retrouvées dans sa poche, en a fait un semis dans la dune d'Eriskay. Il y a une tradition gaélique bien ancrée de marquer un événement par un geste vers la nature : planter un arbre, écrire sur une branche, marquer une pierre, etc. »
