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Et les routes

 

 

Le plus souvent on passe par les chemins creux.

Henchoù don. On y est bien à l'abri, comme protégés.

Quand j'ai commencé, je connaissais pas les routes et c'était la jument qui me guidait.

Nos chevaux, c'est des bidets bretons, les meilleurs !

 

Des voleurs de la grand' route, on se méfie aussi.

On s'arrête toujours à l'Ostaleri Ti Gwenn, une auberge sur la route de Brasparts à Pleyben.

Des fois ceux qui claironnent trop fort que la campagne a été bonne, ils se font détrousser, retourner les poches, comme des peaux de lapin...

 

On arrive tard le soir à l'étape. Faut encore soigner la jument, lui donner sa ration d'avoine ; décharger les chiffons, recharger la faïence... On partira tôt demain !

 

Le compagnon le plus sûr du chiffonnier était le bidet breton, une race disparue à l'orée du XXè siècle... Ce sont des petits chevaux, toisant 1,30m à 1,45m, de robe généralement alezane. Réputés laids, ils disposent en contrepartie d'une grande endurance et d'une résistance proverbiale à l'effort. Mais les haras nationaux vont précipiter sa disparition. Plus tard, à l'époque de Lili, on utilisera le petit trait breton ou Centre-Montagne.