Né le 27 juillet 1903 à Dinan dans les Côtes-du-Nord, Élie Gautier est le recteur des Bretons de Paris du sortir de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au début des années 1970. Alors qu’il était, avant guerre, professeur de philosophie au lycée des Cordeliers à Dinan, il s’engage dans une thèse sur l’émigration bretonne : ses causes et ses conséquences économiques et sociales sur les hommes et le territoire des Côtes-du-Nord. Il la soutient, avec succès, en Sorbonne le 10 juin 1950. Le volume conséquent de ce travail de recherche lui permet d’en tirer plusieurs ouvrages qui s’attachent à décrypter les mécanismes de paupérisation qui frappe les paysans des Côtes-du-Nord et les poussent vers l’immigration. Dans son livre, publié en 1953, titré L’émigration bretonne. Où vont les Bretons migrants. Leurs conditions de vie, il dresse un tableau général, le plus exhaustif possible, de l’émigration bretonne. Il distingue les migrations temporaires des ouvriers agricoles qui partent faire les saisons en Beauce, ou à Jersey, des migrations définitives vers Paris. A ce jour, le travail de l’abbé Gautier est loin d’être dépassé grâce à l’agrégation considérable de données démographiques, économiques et sociales. Pour autant, il faut garder à l’esprit que l’histoire d’Élie Gautier est d’abord celle d’un abbé pétri par la doctrine sociale de l’Église. Comme c’était le cas un demi-siècle auparavant, l’émigration demeure, pour lui, un fléau qu’il faut combattre.
Ce combat contre l’émigration, l’abbé Gautier ne le mène pas seulement dans les livres, mais également sur le terrain parisien. En 1947, il fonde la Mission bretonne avec pour objectif d’aider les jeunes Bretons à trouver un logement et un travail. Au fil des années, celle-ci devient un lieu de rencontre communautaire et un lieu de culture pour les Bretons de la capitale. L’abbé Gautier est ainsi à l’origine du Pardon de la Saint-Yves qui réunit des dizaines de milliers de Bretons aux arènes de Lutèce, sous l’égide de la « duchesse des Bretons de Paris ».