Né à Rennes le 29 avril 1837, Georges Boulanger est une des figures politiques les plus originales qui soit. Sorti d’un rang médiocre de Saint-Cyr, cet officier est blessé lors de la campagne d’Italie en 1859 mais sait rapidement s’attirer les faveurs de la République en participant activement à la répression de la Commune de Paris, en 1871. Nommé général en 1880, il quitte les armes pour entrer en politique et devenir, grâce à son mentor Georges Clemenceau, ministre de la Guerre en 1886.
Le moins qu’on puisse dire est que le Rennais est une figure fantasque. Surfant sur la fibre nationaliste d’un pays encore traumatisé par la perte de l’Alsace et de la Lorraine, il sait se rendre populaire auprès de la troupe en prenant des mesures dont le coût politique est pour le moins modeste : c’est ainsi par exemple qu’il autorise le port de la barbe aux soldats. Sorte de populiste avant l’heure, il prospère sur le sentiment de « tous pourris » qui frappe l’opinion après plusieurs scandales retentissants, comme par exemple le trafic de Légions d’honneur ayant contraint à la démission, dix ans plus tôt, le Président de la République Jules Grévy.
Mais, sorte de comète électorale, l’étoile politique de Georges Boulanger disparaît aussi brutalement qu’elle émerge. Enchaînant les succès électoraux en 1888, il tergiverse cependant avant de devoir fuir en Belgique l’année suivante, de peur d’une inculpation pour atteinte à la sûreté de l’Etat après une vaine tentative de coup d’Etat. Complètement oublié, il se suicide trois ans plus tard à Ixelles, sur la tombe de sa maîtresse. Cruel, Georges Clemenceau le crucifiera d’une de ces saillies verbales dont il a le secret : « Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant ».