Effet de la grève victorieuse du Joint Français à Saint-Brieuc au printemps 1972, deux longs conflits sociaux éclatent dans les Côtes-du-Nord à l’automne 1972 : Big Dutchman et les Kaolins de Plémet. Profitant de la révolution de l’élevage en Bretagne, Big Dutchman installe du matériel automatique de nourriture de volailles fabriqué aux Pays-Bas, siège de la branche Europe d’une entreprise à capitaux américains. C’est Paul Tremel, un enfant du pays revenu des États-Unis, qui crée l’entreprise en 1962 à Saint-Carreuc, petite commune rurale proche de Saint-Brieuc, où il est adjoint au maire.
En 1972, Big Dutchman emploie 70 personnes (administratifs, commerciaux et ouvriers monteurs souvent saisonniers). En juin 1972, une section syndicale de la CFDT se crée : ses trois délégués élus déposent un cahier de revendications (hausse de salaires, 13e mois). Le 4 septembre, une grève d’avertissement est déclenchée. Face à la désinvolture du patron parti en voyage d’affaires en Allemagne (RFA) puis aux États-Unis, la grève illimitée est votée le 11 septembre et va durer près de deux mois. La direction néerlandaise décide de fermer l’atelier de montage le 6 octobre et de licencier 45 ouvriers, ce qui est illégal. Dès lors, sur le modèle du Joint Français, la solidarité financière et militante s’organise, relayée par les syndicats, les partis de gauche et d’extrême gauche dont la presse militante médiatise le conflit, de même que les quotidiens régionaux. D’actifs comités de soutien aident à tenir. Le 24 octobre, les grévistes font le blocus de l’entreprise. La grève chez Big Dutchman s’achève le 4 novembre 1972 avec la signature d’un protocole d’accord victorieux.