Ce que révèlent les mots

Auteur : Dominique Besançon / novembre 2016

Qu’ils se penchent sur notre berceau ou interviennent tardivement, les êtres imaginaires ont le fascinant pouvoir d’influencer notre destinée… et de transformer notre vrai conte de fées en véritable cauchemar. Quelques clés étymologiques pour mieux les comprendre : 


Anges ou démons ? L’angélos et le daemon grecs désignant respectivement un messager et une divinité intermédiaire (par opposition à théos : dieu), ils conservent cette double identité décelable dans la théorie chrétienne des anges déchus.


Dérivé du latin genus, generis (naissance), le génie préside à la naissance et à la destinée d’un homme. De même racine, les Djinn du monde arabe sont les survivants d’une croyance pré-islamiste en des êtres malins  polymorphes, dangereux mais également protecteurs. Esprits élémentaires créés par Allah avec du feu et de la fumée 2000 ans avant les hommes selon le Coran, ils furent, selon la littérature médiévale musulmane, les premiers habitants de la Terre avant de se rebeller contre le Créateur qui les refoula aux confins des zones habitées.


La fée doit son nom à la déesse de la destinée, l’implacable Fata, dont la fée marraine est la descendante la plus connue. Scindée en fées et farfadets, sa lignée est moins redoutable mais conserve sa fonction de messagère du destin.
Proche du farfadet, notre bien nommé lutin (de l’ancien français nuiton : nuit) se manifeste surtout la nuit : temps des rêves et des cauchemars. Du latin calcare (fouler, presser) et du néerlandais mare (fantôme), le cauchemar se traduit par une oppression expliquée ainsi : un esprit « fouleur » (fantôme ou démon) profite de notre sommeil pour nous écraser la poitrine. Quand il ne commet pas des obscénités sur nos innocentes personnes ! Le lutin lutineur : un fantasme ? Oui car fantasme est emprunté au grec phantasma qui signifie apparition, image, fantôme. Si le démon de midi n’épargne pas les créatures de la nuit, il faut admettre que les effets de notre imagination (du latin imaginatio : image, vision, faculté d’inventer des images) sont bien révélateurs.

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Auteur : Dominique Besançon, « Ce que révèlent les mots », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 21/11/2016.

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