La chapelle Saint-Jaoua se développe selon un plan en forme de croix latine orienté. Le transept est assez ample en comparaison de la nef, très austère avec son unique ouverture, et le chœur présente un chevet plat, peu saillant. Assez classiquement, c’est la façade méridionale qui fait office de façade d’accueil avec son porche ouvrant sur la nef et l’ossuaire. La nef est à vaisseau unique, ouverte à l’ouest par une porte décorée d’un larmier en accolade et sommée d’une décoration de feuille de chou. On notera également, sur cette façade ouest, une ouverture quadrilobée dont la datation est difficile à préciser. L’ensemble de l’édifice est pourvu de peu d’ouvertures : outre celle située à proximité du contrefort nord de la nef, la chapelle de Keraliou ou de Saint-Laurent, dans le bras nord du transept, en possède deux. On relève également la maîtresse-vitre du chevet et une dernière baie dans le mur est du bras sud du transept. Une sacristie s’adjoint, au XVIIe siècle, à l’est, s’appuyant sur l’angle formé par le bras du transept et le chevet.
Vu de l’intérieur, l’arc diaphragme sur lequel repose le clocher offre une démarcation assez nette : d’un côté la nef à simple vaisseau, relativement austère, et de l’autre le chœur, largement éclairé et très ample dans son développement architectural. À cet endroit, les piliers sont particulièrement ornementés, associant des colonnettes qui reposent sur une base prismatique et pourvues de bases et de chapiteaux moulurés. Dans le chœur, en revanche, les piliers qui séparent la croisée du bras sud du transept sont beaucoup plus simples et pourvus uniquement de chapiteaux octogonaux à corbeille nue, selon une facture que l’on retrouve assez couramment au XVIe siècle. Le reste de la décoration du chœur, qu’il s’agisse des peintures murales ou du lavabo liturgique, confirme cette datation.
Un édifice complexe
Le plan permet de relever une irrégularité dans la conception de la chapelle, dans l’angle sud-ouest du transept, à la jonction avec la nef. On observe en effet un renfoncement placé entre le porche et le bras du transept. Cet élément est particulièrement intéressant car il n’est pas sans faire penser à un ancien bras de transept, dans lequel serait venu se lover le porche actuel et sur lequel les constructeurs auraient appuyé le bras sud du transept. Ceci pourrait correspondre à deux phases de construction de la chapelle : la nef serait ainsi l’élément conservé le plus ancien, tandis que le transept et le chœur auraient été reconstruits au début du XVIe siècle.
Cette hypothèse explique aussi le positionnement du clocher. Celui-ci est érigé sur un arc diaphragme séparant la nef et le chœur. Ce positionnement assez atypique renforce l’idée d’une construction de la nef et de son clocher à une période antérieure au XVIe siècle. Le même phénomène s’observe à la chapelle Notre-Dame de la Tréminou (Plomeur, Finistère). La nef de cette chapelle est attribuée au début du xve siècle, tandis que le chœur a été reconstruit au début du XVIe. Étant données les grandes similitudes avec la chapelle Saint-Jaoua, il serait tentant de supposer une chronologie similaire. Les traces de plusieurs chantiers de construction sont par ailleurs évidentes sur le mur nord de la nef, où l’on discerne une succession de modes constructifs différents, qui correspondent à des états de chantier.
Les traces d’un monastère du haut Moyen Âge ?
D’après l’érudit du début du xxe siècle Louis Le Guennec, la chapelle Saint-Jaoua, établie à l’emplacement d’un ancien monastère, aurait été l’ancienne église paroissiale jusqu’à la première moitié du xve siècle, avant que celle-ci ne soit transférée à son emplacement actuel, au cœur du bourg de Plouvien. La documentation d’archives que nous avons pu recueillir n’est pas assez ancienne pour mettre en évidence de manière catégorique l’existence de l’ancien monastère fondé par Saint-Jaoua au VIe siècle. Cependant, plusieurs indices microparcellaires permettent d’aller en ce sens. On observe, au sud de la chapelle et de la fontaine, un ensemble de parcelles formant un carré d’environ 315 m de côté et délimité du reste des parcelles environnantes par des parcelles plus étroites et allongées.
Cette disposition pourrait correspondre à une ancienne plate-forme abritant un habitat élitaire (qu’il n’est pas possible de caractériser à partir des seules données cadastrales) protégé par une ligne de fossés. Il peut s’agir de l’empreinte d’un monastère du haut Moyen Âge. Cette hypothèse est d’ailleurs renforcée par le toponyme « Minihy », qui désigne un asile monastique dépendant de l’évêché. On trouve également des microtoponymes évocateurs comme « Gaorem ar c’hosquer ». Ce nom de lieu est sans doute à rapprocher de Cosquer, que l’on retrouve en Plabennec et en Guipavas, et qui est associé à un habitat gallo-romain. Cette parcelle est sans doute à mettre en relation avec un autre microtoponyme, « An herven coz », qui, là encore, pourrait traduire la présence d’une ancienne structure de peuplement. On retrouve aujourd’hui un petit édifice commémoratif en l’honneur de saint Jaoua, constitué de deux croix anciennes et d’une table de pierre, exactement au milieu de l’enclos délimité par les anomalies parcellaires.