Y a-t-il un matriarcat breton authentique ? Par Anne Guillou
Parler de matriarcat est une spécificité bretonne. Nulle part ailleurs en France ce mot n’a cours. Objectivement, le patriarcat, qui est son opposé masculin, semble admis partout. On peut donc s’interroger sur cette étrangeté bretonne. Affirmer l’existence d’un matriarcat en Bretagne résiste-t-il à l’analyse ?
L’usage du terme est avéré. On connaît ses propagateurs et on peut dater son apparition dans l’Histoire. Mais la réalité ? Y a-t-il un legs historique particulier qui expliquerait la présence d’un système matriarcal breton ? Peut-on rassembler les preuves d’un authentique matriarcat en Bretagne ? Cette recherche de preuves semble vaine. À l’inverse, on ne peut nier la force de sa représentation : il n’y a pas de matriarcat breton mais le stéréotype, l’idée convenue, la croyance sont bel et bien ancrés dans la culture et les usages. Cette pratique langagière répandue aide-t-elle à penser la condition féminine en Bretagne ?
Anne Guillou est une sociologue et essayiste. Elle est docteure d’État de sociologie, auteure d'une thèse intitulée Les Femmes, la Terre, l’Argent (1987). Ses recherches ont notamment porté sur la sociologie rurale et, plus particulièrement, la sociologie des femmes et les rapports sociaux en milieu rural. Elle a été Professeure de Sociologie à Brest (UBO) de 1991 à 2003. Elle y a créé le département de Sociologie.
Cette conférence était organisée dans le cadre des Deizioù.