Pratiques touristiques et PCI : l'exemple du Lakalaka aux îles Tonga - Aurélie Condeveaux
Une inscription sur la liste représentative du « patrimoine culturel immatériel de l’humanité » de l’UNESCO implique non seulement une redéfinition des pratiques artistiques ou culturelles comme « patrimoines » mais aussi comme ressources potentielles pour le développement économique. En effet, les politiques patrimoniales de l’UNESCO sont fondées sur l’idée que les pratiques artistiques sont des ressources mobilisables dans le cadre des « industries de la culture » ou « industries créatives ». Il s’agit par là de « convertir la créativité des pays en développement en industries culturelles durables » (www.unesco.org), selon un processus soutenant à la fois la création et le développement économique. La mise en tourisme est envisagée comme l’un des leviers possibles de cette dynamique.
Cette communication examinera, à partir du cas du lakalaka tongien – forme de poésie chantée et dansée de Polynésie occidentale – mais aussi d’autres exemples de pratiques et expressions inscrites sur la liste du PCI, quelques uns des enjeux soulevés par cette « mise en tourisme » : quelles transformations de la pratique sont nécessaires pour une valorisation dans le cadre touristique ? Dans des contextes où la notion de « propriété intellectuelle » est parfois absente, il y a lieu de se demander comment sont définis les utilisateurs voire les « propriétaires » légitimes des biens et pratiques inscrits, et qui peut prétendre bénéficier des retombées économiques attendues ?
Biographie
Aurélie Condevaux est Maître de Conférences en anthropologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/EIREST. Elle a effectué un doctorat en anthropologie sociale et culturelle (2007-2011) à l’Université d’Aix-Marseille et au CREDO (Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie), qui portait sur des « Performances culturelles-touristiques » en Nouvelle-Zélande et à Tonga (Polynésie occidentale). Elle a également mené des recherches sur les enjeux politiques de l’inscription du lakalaka tongien (forme de poésie chantée et dansée) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’Unesco, ainsi que sur la mise en tourisme de cette pratique.