Les modes de conservation des plantes témoignent à la fois de l’évolution des usages et de différences sur le plan géographique. Le mode de conservation le plus courant à des fins thérapeutiques est le séchage. Or, en Bretagne, cet usage prévoyant n’était traditionnellement pas privilégié : on utilisait surtout les plantes fraîches. Le rôle du végétal, restreint à la belle saison et non différé dans le temps, s’en trouvait ainsi limité. En outre, le peu de recours au séchage dans la région renseigne sur le fait que les savoirs n’étaient pas nécessairement irrigués par les savoirs livresques et les usages communs ailleurs.
À défaut de production d’huile en Bretagne, les autres moyens de conservation les plus usités étaient les matières grasses d’origine animale – le beurre et le saindoux – et la macération dans l’alcool. Des enquêtes réalisées dans les années 2010 ont permis de constater que la macération de plantes dans l’alcool se pratiquait davantage – encore aujourd’hui, mais à moindre échelle – dans l’est de la Bretagne que dans l’ouest. Dans les celliers se côtoient les cerises à l’eau-de-vie (les « roupettes-à-queues »), les vins de noix ou de feuilles de pêcher, les liqueurs d’herbes, telle la menthe-coq (la « chartreuse »), et des cocktails plus actuels comme le « 44 », à base d’écorces d’orange et de grains de café. De telles préparations sont davantage prisées comme boissons de convivialité que perçues comme médicaments, mais ces deux fonctions peuvent se confondre, notamment dans le cas de la liqueur d’angélique, dont les propriétés digestives antispasmodiques sont reconnues.
Aujourd’hui, le séchage des plantes et la macération dans l’huile sont communément employés dans la région par les amateurs de soins par les plantes, tandis que le beurre et le saindoux ont été délaissés.