Un nom glorieux plein de promesses
Arthur Ier (30 avril 1187-3 avril 1203) est le fils posthume de Geoffroy Plantagenêt et de Constance de Rennes, duchesse de Bretagne et comtesse de Richmond. Le choix de son prénom n’est pas anodin. À une époque où les romans arthuriens sont diffusés dans toute la Chrétienté, ses parents le nomment ainsi pour démontrer que leur fils est non seulement l’héritier de l’empire Plantagenêt, mais aussi, comme le roi Arthur, ce souverain breton du VIe siècle, celui qui doit unir tous les Bretons des deux côtés de la Manche et fédérer la féodalité occidentale.
Protégé par sa mère
Pour son malheur, il reste pendant longtemps le seul fils légitime d’un fils légitime d’Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre. Par ailleurs, les relations désastreuses entre sa mère et sa grand-mère, Aliénor d’Aquitaine, le desservent. Avec l’autorisation du roi Henri II, il est élevé par sa mère dès sa naissance. Peu après la mort d’Henri II, son successeur Richard Cœur de Lion, alors sans enfant, proclame en 1190 son neveu Arthur son seul héritier légitime et tente en vain de le soustraire à la garde de sa mère. En 1196, il semble que Richard ait fait emprisonner Constance pour la contraindre à lui céder la garde d’Arthur alors âgé de 9 ans. La duchesse de Bretagne, avant d’être emprisonnée, a le temps de confier Arthur à ses proches. Les troupes de Richard pourchassent l’enfant et ses protecteurs jusqu’à Carnoët, où elles sont défaites près de la butte Saint-Gildas. Arthur se réfugie chez le roi de France, qui l’éduque avec son fils, le futur Louis VII. Vers 1199, Arthur retourne en Bretagne où sa mère, remariée à Guy de Thouars, l’associe au gouvernement du duché.
Entre Jean sans Terre et Philippe Auguste
Un coup de tonnerre retentit : le 6 avril 1199, Richard Cœur de Lion meurt lors du siège de Châlus en Limousin. Arthur, avec le soutien de l’aristocratie bretonne possessionnée des deux côtés de la Manche, réclame son héritage, soit l’Angleterre, la Normandie, l’Anjou, le Maine et la Touraine. Il prête hommage au roi de France, en mai, pour l’Anjou, le Maine et la Touraine, en s’appuyant sur Guillaume des Roches, sénéchal du Maine et d’Anjou. Jean sans Terre, quatrième fils d’Henri II (alors que le père d’Arthur en était le troisième fils), comte de Mortain et seigneur d’Irlande, obtient le soutien de sa mère, Aliénor d’Aquitaine, et donc le concours du Poitou et de l’Aquitaine. Il parvient à se faire couronner duc de Normandie le 25 avril 1199 et roi d’Angleterre le 27 mai. Guillaume des Roches réussit à réconcilier l’oncle et le neveu afin d’éviter l’implosion de l’empire angevin. En septembre, Arthur, alors âgé de 12 ans, se réfugie de nouveau à Paris auprès du roi de France. Cependant ce dernier abandonne pour un temps son protégé car il signe, en mai 1200, avec Jean sans Terre, le traité du Goulet, près de Vernon. Jean sans Terre est reconnu comme seul héritier de l’empire angevin. Arthur doit lui prêter hommage pour la Bretagne.
Retournement royal
En septembre 1201, sa mère meurt. Arthur est duc de Bretagne à part entière. En avril 1202, le roi de France rompt le traité du Goulet, et proclame Arthur seul héritier d’Henri II. Il le fait chevalier après la prise de Gournay-en-Bray, le fiance à sa fille, Marie, et enfin lui accorde les comtés d’Anjou, du Maine et de Touraine, mais à lui d’en faire la conquête. En août 1202, accompagné de sa sœur, Aliénor, Arthur décide de s’emparer de la place forte de Mirebeau (près de Loudun) où réside leur grand-mère, Aliénor d’Aquitaine. L’intervention rapide de Jean sans Terre, prévenu par sa mère, provoque un véritable désastre. Arthur et Aliénor de Bretagne sont capturés, Arthur emmené à Falaise, puis à Rouen.
Arthur et Hubert de Burgh
Cette œuvre illustre la pièce de W. Shakespeare, Le roi Jean. La relation d’Arthur avec son geôlier paraît loin de la réalité supposée. Arthur, duc de Bretagne et Hubert de Burgh, 1882 Manchester City Art Gallerie, Manchester, UK William Frederick Yeames (1835-1918)
Une fin obscure et tragique
Nul n’est certain de ce qu’il advint de lui par la suite. D’après les Annales de Margam, le 3 avril 1203, « comme le roi Jean avait bu, il tua Arthur de sa propre main et jeta le corps, attaché à une lourde pierre, dans la Seine ». Cependant Hubert de Burgh, gardien de Rouen, affirma avoir remis Arthur, vers Pâques 1203, aux agents du roi Jean venus à Rouen pour le castrer (Arthur serait mort des suites de l’opération). Hubert de Burgh se rétracta par la suite. La rumeur de l’assassinat du prince se propagea en Bretagne et en Normandie, provoquant une grande révolte dont profita le roi de France pour s’emparer de l’empire des Plantagenêts.