L’art du second âge du fer en Bretagne : la céramique estampée

Auteur : Gadea Cabanillas de la Torre / mai 2017

Entre 475 et 150 avant notre ère, les populations de la Bretagne actuelle ont construit une esthétique propre. Parmi les rares traces qui nous en sont parvenues, la plus importante est constituée d’environ 1 400 vases estampés. Cette poterie, fréquente dans les maisons et les tombes de cette période, se caractérise par des décors faits au poinçon. Les motifs – cercles, arcs, lignes, mais aussi formes complexes comme les svastikas – étaient imprimés sur l’argile fraîche à l’aide d’outils qui ne sont pas conservés. Ils sont agencés pour créer des décors complexes et abondants, en forme de frises, de guirlandes ou d’étoiles qui se développent sur toutes les parties des vases de très bonne facture – écuelles, grands vases fermés, etc. La maîtrise technique, la variabilité des compositions mais aussi le respect de normes pour la création de ces décors permettent de parler d’un véritable art de l’estampage.

Écuelle estampée provenant de Braubach (Rhénanie-Palatinat, Allemagne), env. 205-190 av. n. è. - Dessin Gadea Cabanillas de la Torre d'après un dessin de F. Schwappach (1977)

Fond d’une écuelle estampée du site de Kerven Teignouse à Inguiniel (Morbihan), env.  425-375 av. n. è. - Photo Gadea Cabanillas de la Torre

L’intérêt de ces décors ne réside pas tant dans leur complexité et leur beauté que dans leur valeur historique. Ils témoignent d’une communauté artistique à l’âge du fer dans la Bretagne actuelle, mais la région n’est pas isolée. Les céramiques estampées sont nettement plus fréquentes dans le territoire actuel du Finistère, des Côtes-d’Armor et du Morbihan, mais elles apparaissent dans tout l’Ouest. Elles s’insèrent également dans un contexte plus vaste, puisqu’elles appartiennent à l’art dit « laténien » et se rapprochent donc des productions d’Europe centrale (notamment de la moyenne vallée du Rhin). Elles témoignent aussi du dynamisme des foyers artistiques des confins occidentaux du continent, à travers leurs liens, plus ténus, avec l’estampage de Grande-Bretagne et du nord-ouest de la péninsule Ibérique.
La céramique estampée apparaît donc surtout dans des foyers précis liés entre eux par des contacts.
Les changements stylistiques des décors estampés coïncident avec les transformations des sociétés de l’âge du fer, qui vont évoluer des petites unités rurales fonctionnant en réseau en grands oppida contrôlant un territoire.

Vase incisé et estampé découvert à Glastonbury (Somerset, Roayume-Uni), Second âge du Fer - Photo Gadea Cabanillas de la Torre d’après un dessin d'A. Bulleid et H. St John Gray (1911)

Vase estampé de Kerouer à Plouhinec (Finistère), env. 375 – 325 av. n. è. - Photo Gadea Cabanillas de la Torre

CITER CET ARTICLE

Auteur : Gadea Cabanillas de la Torre, « L’art du second âge du fer en Bretagne : la céramique estampée », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 18/05/2017.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/lart-du-second-age-du-fer-en-bretagne-la-ceramique-estampee

Proposé par : Bretagne Culture Diversité