Notre région est enviée par bon nombre de chiroptérologues, les spécialistes des chauves-souris, car nous abritons une population de « grands rhino » importante. Espèce fragile et représentative de l’imaginaire collectif par excellence, il bénéficie même d’un traitement de faveur, puisque, chaque année, des comptages nationaux sont organisés pour suivre son évolution. Le comptage hivernal emmène les prospecteurs dans des grottes, des ardoisières, ou des blockhaus, quand le comptage estival les pousse dans les combles d’églises, de châteaux, de moulins…
Pourquoi le Grand rhinolophe est-il si spécial ? Par sa morphologie, d’une part. L’une des plus grandes chauves-souris françaises (une paume de main) est aussi celle qui a inspiré Dracula. Une chauve-souris pendue tête en bas et enroulée dans ses ailes ? C’est lui. Il a aussi un faciès très singulier au nez aplati et en forme de fer à cheval. S’il possède des particularités « esthétiques », son physique présente aussi des originalités biologiques. Là où les autres chiroptères sont capables de se poser sur un mur, y « ramper » et profiter d’un interstice pour y disparaître, le Rhinolophe en est incapable. Il doit pouvoir entrer dans son gîte en plein vol puis effectuer une acrobatie pour se percher. Ses pattes arrière sont équipées de tendons qui se bloquent, lui permettant de rester tête en bas sans effort. On en retrouve même morts dans cette position, adultes comme jeunes. Autre excentricité, alors que les autres émettent leurs ultrasons par la bouche, lui les envoie par le nez. Et les réceptionne, comme les autres, par le tragus. Il existe une version mini de cet étrange animal : le Petit rhinolophe. Il est en tous points semblable à son « grand frère », hormis sa taille, puisque son corps est grand comme le pouce.
