Le 11 juillet 2011, au départ de Lorient, personne ne s’imagine voir les favoris se disputer la victoire. Au contraire, tous les pronostiqueurs s’accordent sur le fait que Philippe Gilbert sera difficilement battable au sommet de Mûr-de-Bretagne. Il faut dire que le Menez-Hiez semble correspondre aux qualités intrinsèques du coureur belge, impérial depuis le début de saison sur ce type d’ascensions courtes. Preuve de sa grande forme, il vient de remporter, deux jours plus tôt, la première étape sur une arrivée que l’on pense similaire à celle du jour. Au terme d’une étape humide et éprouvante, le meilleur coureur du monde ne parvient pas à prendre l’ascendant sur ses adversaires. Contre toute attente, les favoris du classement général ont décidé de se livrer bataille dans l’ascension finale. Sur la ligne, Alberto Contador, double vainqueur de la Grande Boucle, pense avoir gagné. Il vient pourtant d’être battu, de quelques centimètres, par l’Australien Cadel Evans qui, trois semaines plus tard, remportera son premier Tour de France. À l’inverse, plusieurs favoris perdent de précieuses secondes pour le classement général.
Ce final, aussi haletant qu’inattendu, séduit tous les observateurs. De son côté, L’Équipe n’hésite pas à faire de Mûr-de-Bretagne son coup de cœur, lui attribuant la note de 10/10. Le quotidien se félicite d’avoir assisté à une arrivée dont le déroulement est digne d’un « scénario de cinéma ». Mais surtout, le journal sportif, qui appartient au pôle médias du Groupe Amaury, y voit enfin l’occasion de véritablement dynamiser les passages du Tour de France en Bretagne. Mais c’est finalement le journaliste Jérôme Le Gall qui, malgré une once de chauvinisme, résume le mieux le tournant que vient de connaître Mûr-de-Bretagne. Dans les colonnes du Télégramme, il déclare que le Menez-Hiez ne mérite plus d’être identifié à ce qu’il n’est pas, une mini-version de l’Alpe d’Huez, mais bien à ce qu’il vient de devenir. C’est pourquoi il propose désormais de le surnommer « Mûr-de-Montagne ! ». Il prophétise ensuite qu’après une telle arrivée, « la plus grande course du monde ne pourra plus se passer d’un site qui a offert, hier, un final de rêve ». Avec trois autres arrivées en l’espace de dix ans, le journaliste ne s’était pas trompé. Mûr-de-Bretagne est entrée dans la cour des grands.