Pour eux le prix du lait doit tenir compte du prix de revient mais aussi rémunérer le travail des paysans. Le mouvement est massif dans le Finistère, le Morbihan et une partie de la Loire-Atlantique. À partir du 14 mai, des dizaines de camions de lait sont bloqués et gardés par des paysans. Un blocage généralisé débute le 24 mai, dans le Finistère, et dure une dizaine de jours. Ce qui fait l’originalité de ce mouvement, c’est son caractère massif, la participation active des paysans, la mise en cause des coopératives comme des laiteries privées, la défense de la rémunération du travail, la participation importante des femmes ainsi que l’utilisation d’un vocabulaire repris du mouvement ouvrier (la laiterie est le patron, les paysans font grève pour leur salaire). Les paysans contestent les pratiques des coopératives créées par certains d’entre eux et s’opposent aux responsables professionnels qui les dirigent. Cependant, tous les départements de la région n’entrent pas dans l’action, des tensions apparaissent entre syndicalistes, et ce mouvement n’est pas soutenu par le syndicalisme national. Un accord, signé le 2 juin 1972, met fin à la grève mais il est rapidement remis en cause.
La grève du lait, lutte massive et novatrice, avive aussi les divisions du syndicalisme agricole régional.