Les plus anciennes attestations écrites relatives à l’exploitation des marais salants en Bretagne remontent au viie siècle pour la baie de Bourgneuf et au ixe siècle pour le pays guérandais. Ces dernières se lisent dans des chartes du cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon. Leur analyse souligne l’extraordinaire continuité de l’activité salicole sur des parcelles telles que les salines Penlan ou Penpont, en production à l’époque des petits-fils de Charlemagne. Puis la documentation écrite atteste l’expansion des salines, qui atteignent un premier apogée au Moyen Âge central, consolidé aux siècles suivants. Les besoins en sel de la pêche harenguière en Europe du Nord-Ouest d’abord, ceux de la pêche morutière ensuite ont largement favorisé cette expansion, ainsi que la spécialisation des paludiers guérandais dans les travaux d’hydraulique et de terrassements.
En rupture partielle avec la technologie des sels ignigènes, c’est-à-dire obtenus par cuisson de saumures évaporées dans des moules en argile disposés sur des fours, la technologie des marais salants émerge avec l’expansion commerciale et culturelle de l’Empire romain à partir du règne d’Auguste. L’archéologie mais aussi la linguistique viennent à l’appui de cette hypothèse. Une part du lexique des salines du pays guérandais transmise par le breton emprunte en effet au latin. C’est un fait remarquable qui indique que des brittophones se sont initiés à une technologie mise au point par une population continentale romanisée avant leur arrivée sur les lieux dans la seconde moitié du VIe siècle.
Haec carta indicat atque conservat qualiter quaesivit Uuetenan solidos monachis rotonensibus in uuadio pro duabus salinis his nominibus salina Penpont & alia [ligne 2] nuncupante Samoelil habentibus XL (quadraginta) capitellos cum omnibus appendiciis suis usque ad caput VI annorum & si tunc redempte non fuissent, usque ad alios sex annos, & deinde sic semper usque ad XVIII annos & si tunc redempte non fuissent, permansissent usque ad finem mundi….
« pour deux salines dont les noms sont saline Penpont et l’autre nommée Samoelil ayant 40 œillets »