En 1996, un agriculteur découvre un vieux cep de vigne à l’intérieur d’un taillis à Saint-Suliac, sur les bords de la Rance. Le site est connu pour avoir porté de la vigne il y a longtemps. L’analyse d’un rameau par l’INRA de Montpellier conclut que ce cépage est inconnu.
Quelques années plus tard, quatre plants présentant la même signature génétique que celui de Saint-Suliac sont découverts en Charente ; il s’agit de treilles fournissant un raisin noir consommé comme raisin de table. Localement, on l’appelle la madeleine en raison de sa précocité : il mûrit à la fin juillet, à l’époque de la Ste Marie-Madeleine (22 juillet). Pour la différencier des autres variétés (toutes blanches) portant le même nom, on l’appellera la magdeleine noire des Charentes.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, elle n’aurait déjà pas été banale puisque, dans une région aussi peu viticole que l’est actuellement la Bretagne septentrionale, on y a trouvé un cépage inconnu des scientifiques. Mais elle a une suite ; en collaboration avec l’université de Californie, les chercheurs de l’INRA de Montpellier ont établi que la magdeleine noire des Charentes est l’un des parents du merlot (sa maman), le plus bourguignon des cépages bordelais, l’un des cépages les plus cultivés au monde.
Si l’on admet que la Charente est bien la région d’origine de la magdeleine noire, pourquoi retrouve-t-on un plant de ce cépage à Saint-Suliac ? Bien sûr, les échanges commerciaux du port de Saint-Malo tout proche ouvrent des pistes de recherches, il reste maintenant à les entreprendre !...
Une autre question vient spontanément à l’esprit : quel est l’âge de ce cep ? Dans l’état actuel des connaissances, les chercheurs en biologie végétale ne peuvent pas répondre à cette question. La réponse, si elle existe, est plus sûrement dans les archives des divers fonds patrimoniaux, publics ou privés.