Géographie et morphologie
Le trait physique majeur de ce massif est un affleurement granitique qui se présente sous la forme d’une longue crête de 90 km, large de 6 à 10 km, orientée est-ouest. Ce premier contrefort de la Bretagne sud a une altitude s’échelonnant entre 70 et 165 mètres. L’arénisation de ce massif a laissé visibles des formations importantes de chaos granitiques. Les populations néolithiques ne manqueront pas d’y associer certains mégalithes.
Historique des travaux
Nos prédécesseurs archéologues, comme Louis Marsille, Ernest Rialan ou encore Fernand et Henri de Cussé, firent de brèves opérations archéologiques. Nous devons au comte de La Fruglaye le premier rapport de fouilles effectuées sur un dolmen de la commune de Moustoir-Ac en 1856. Les premières fouilles modernes apparaîtront de 1967 à 1976 sous l’impulsion de Jean L’Helgouach et Joël Le Cornec.
L’originalité du mégalithisme
Moins spectaculaires que certains monuments situés sur le littoral, les mégalithes des Landes de Lanvaux en font, par leur variabilité architecturale, une région à grande valeur patrimoniale. Le gigantisme est moins présent mais les aspects architecturaux sont souvent atypiques. Ils s’articulent parfois avec des éléments environnementaux. Une relation privilégiée avec le monde minéral est bien visible.
Espaces des vivants, espaces des morts
Mutation économique néolithique et identité collective des populations vont s’exprimer au travers d’espaces différenciés. Celui des vivants avec la mise en place de dispositifs de pierres dressées, celui des morts avec la mise en œuvre d’espaces sépulcraux (tumulus et dolmens). La construction de maisons des morts au même niveau que celles des vivants est révélatrice d’une relation particulière entre les deux entités. Des mimétismes de formes et d’implantations sont nettement identifiés. Les projets architecturaux et les matériaux employés seront combinés et apporteront une importante variabilité architecturale.
Les dolmens à couloir
La présence de dolmens à couloir à l’intérieur des terres est anecdotique, mais le secteur des Landes de Lanvaux présente une quantité non négligeable de ce type architectural (Coëby à Trédion, Hardys Béhellec à Saint-Marcel). L’ensemble de Larcuste à Colpo se compose de deux cairns dont un comprend deux dolmens à couloirs et l’autre un dolmen dont le couloir dessert de multiples chambrettes.
Les dolmens angevins
Ce type architectural, principalement centré dans le Saumurois et l’Anjou, est connu dans l’est du département du Morbihan (La Ville-au-Voyer à La Chapelle-Caro et le dolmen des Follets à Saint-Gravé). Il se caractérise par des chambres sépulcrales rectangulaires de grandes dimensions, précédées d’un portique d’accès court, plus étroit et plus bas. La tombe est souvent subdivisée par une ou plusieurs cloisons.
Les dolmens à couloir sont orientés dans le quadrant sud-est de notre rose des vents et peu se trouvent en corrélation directe avec un axe remarquable de solstice ou d’équinoxe.
Les dolmens en allée couverte
Une multitude de dolmens en allée couverte couvre le territoire des Landes de Lanvaux. Ces sépultures collectives occupent souvent les bords du plateau de Lanvaux. Elles ne présentent plus de couloir d’accès mais un petit vestibule d’entrée situé dans le prolongement de l’espace sépulcral allongé. Une dalle de chevet termine le fond de la sépulture. Un tumulus enveloppe la tombe dans la stricte nécessité de maintien de l’ensemble. Quelques-uns montrent une entrée latérale mais ils sont peu nombreux en Armorique.
Les dolmens en allée couverte aux parois arc-boutées montrent des dalles qui se rejoignent à leur sommet pour former un toit. Certaines possèdent encore leurs dalles de couverture (dolmen de La Loge-au-Loup à Trédion). Tout aussi atypiques sont les dolmens en allée couverte présentant une architecture mixte qui associe rocher naturel et dalles verticalisées (Pont-Bertho et Menguen-Lanvaux à Plaudren).
Les dolmens sans couloir d’accès
Ces monuments de petites dimensions présentent souvent trois dalles disposées en « fer à cheval » et forment un espace rectangulaire fermé dans leur quatrième côté par un muret en pierre sèche (Roh-Du en forêt domaniale de Camors).
Ils datent du Néolithique récent, vers 2000 ans avant J.-C., et ont livré quelques éléments de tradition campaniforme.
Les pierres dressées
Les pierres dressées représentent 40 % des dispositifs mégalithiques. Leurs positions géographique et topographique sont très variables, sans qu’il y ait d’emplacements privilégiés. Notons ceux du Boisker et de Kermarquer à Moustoir-Ac, de Regnon à Pleucadeuc, du Bignon à Saint-Guyomard.
L’alignement de Kersolan à Languidic avait à l’origine plusieurs centaines de blocs. Sur une file unique, celui de Kornevec à Camors montre quelques dizaines de dalles disposées sur 400 m avec une hauteur croissante des monolithes.
Conclusion
Les traces d’habitats sont rares et encore trop peu étudiées. Le monde des vivants est pourtant directement lié au domaine des morts. La mémoire des ancêtres semble avoir conditionné certains lieux d’implantation de mégalithes et œuvré en faveur d’une continuité cultuelle.