Les catholiques sont sensibles à la mobilisation de la population au moment de Mai 68. L’Église se fait l’écho des difficultés socioéconomiques des ouvriers et des agriculteurs. Au moment où la mobilisation est la plus forte, à la fin du mois de mai, le clergé de Saint-Brieuc ne fait aucune quête dans les églises, jugeant qu’il est plus opportun de laisser à chacun le soin d’apporter sa générosité autour de soi, en particulier aux familles que la grève a pu mettre dans la gêne. Du côté des grévistes, on se fait un honneur de ne pas interrompre le cheminement du Train Blanc, qui conduit les pèlerins et les malades à Lourdes et les ramène chez eux – une motivation que l’on ne retrouvera pas au moment des grèves de 1995.
Si de nombreuses fêtes locales sont annulées ou reportées, qu’en est-il des pardons ? Il semblerait que la majorité d’entre eux se soient déroulés. C’est le cas le dimanche 19 mai pour le pardon de la Saint-Yves, à Tréguier. N’ayant plus la possibilité de se déplacer, par manque d’essence et faute de trains en circulation, 15 000 Bretons de Paris défilent dans la capitale, entre les arènes de Lutèce et la cathédrale Notre-Dame. Par contre, à Saint-Brieuc, le pardon de Notre-Dame d’Espérance est annulé. Les pardons subissent en effet une certaine désaffection depuis quelques années, que des évolutions tentent toutefois d’enrayer. Suite au référendum local de janvier 1969 pour déterminer la date des futures processions, le pardon de la Saint-Yves est déplacé au troisième dimanche du mois de mai.