Inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée mène entre le 28 juillet et le 31 octobre 1835 une grande tournée dans l’Ouest de la France, périple qui le conduit à effectuer un véritable Tro Breiz. En tout, il passe 6 semaines dans la péninsule armoricaine, arrivant à Rennes le 20 août, passant ensuite par Dinan – ville des Côtes-du-Nord que l’auteur de Colomba orthographie avec un t, comme la ville belge), Dol, Saint-Malo, Lamballe, Saint-Brieuc, Tréguier, Lannion, Morlaix, Saint-Pol-de-Léon, Lesneven, Brest, Quimper, Quimperlé, Hennebont, Locminé, Josselin, Carnac, Locmariaquer, Vannes, Elven, la presqu’île de Rhuys et enfin Nantes. On le voit, et à la notable exception de Josselin, la Bretagne intérieure ne fait pas partie du programme de Prosper Mérimée.
Parmi les monuments qui retiennent l’attention de l’inspecteur figurent notamment l’abbaye de Beauport, non loin de Paimpol. Il est vrai que ce pionnier des politiques patrimoniales publiques se focalise essentiellement sur les édifices religieux, le bâti médiéval et les ruines. Trop bien conservé, le château de Josselin ne bénéficie gère de ses faveurs, au contraire des Tours d’Elven.
Faut-il voir là la raison des très relatives retombées du séjour breton de Prosper Mérimée ? Il semble exagéré de le dire car l’action du romancier ne fait pas de doutes. Dès son retour à Paris, il effectue plusieurs demandes de subventions en faveur de la cathédrale de Dol-de-Bretagne, qu’il admire tout particulièrement, ainsi que celles de Tréguier et Saint-Pol-de-Léon. Mais les crédits ne sont débloqués que dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’abbaye de Beauport, elle, n’est inscrite à l’inventaire des monuments historiques qu’en 1862.