Si les généraux Sarrail et Franchet d’Esperey ont marqué la mémoire du Front d’Orient, il n’en va pas de même pour Adolphe Guillaumat, dont le passage à la tête des Armées alliées d’Orient est pourtant déterminant. Après s’être illustré à différents commandements, notamment celui de la 2e armée à Verdun, Guillaumat est envoyé à Salonique pour remplacer le général Sarrail, dont la gestion hasardeuse du théâtre macédonien est de plus en plus critiquée à Paris comme chez les Alliés.
Une fois sur place, en décembre 1917, il prend sur lui de réorganiser l’armée d’Orient. Cette tâche passe par un renouvellement des cadres aux postes de direction, un traitement du problème du ravitaillement, la généralisation d’une meilleure instruction étendue aux officiers des armées alliées et la remise au pas des fauteurs de désordre, comme les troupes russes intégrées dans l’armée d’Orient.
Mais l’effort de guerre sur le front d’Orient n’est pas que français, même si ce dernier est considérable. Aux côtés de l’armée d’Orient se battent également une armée serbe restaurée, un fort contingent britannique ainsi que des troupes italiennes et grecques. Guillaumat s’emploie donc à restaurer la confiance – gravement abimée par Sarrail – avec son homologue britannique, le général Milne.
L’amélioration des rapports interalliés ainsi que la réforme de l’Armée d’Orient portent leur fruit avec le succès de l’offensive franco-hellénique de Skra di Legen, du 27 au 31 mai 1918. Ironiquement, c’est sans doute la confiance que place en lui Clemenceau qui lui coûte les lauriers du triomphe : il est rappelé le 6 juin 1918 à Paris où le Tigre souhaite l’avoir auprès de lui alors que les Allemands avancent dangereusement. Clemenceau envisage en effet très sérieusement de remplacer Pétain par Guillaumat… Ce dernier laisse ainsi entre les mains de son successeur en Macédoine, le général Franchet d’Esperey, un outil militaire restauré et fiable qui montre toute sa valeur lors de la percée du front bulgare en septembre 1918, offensive dont Guillaumat se fait l’indispensable avocat à Paris durant l’été 1918.