À la fin de la guerre de Succession d’Espagne, en 1713, des centaines de flibustiers commissionnés pour défendre les colonies d’Amérique se retrouvent sans emploi. Si certains parviennent à se reconvertir, d’autres, habitués à la prédation maritime, se « rendent forbans » et poursuivent leurs attaques en toute illégalité. Ce milieu criminel est aussi alimenté par les condamnés à la déportation aux îles, par les soldats et les marins déserteurs, par les vagabonds en quête de moyens de subsistance, ou par les esclaves en fuite. La misère de cette population mouvante, corollaire de l’essor de la société esclavagiste au début du XVIIIe siècle, pousse les plus désespérés – et les plus violents – dans la piraterie.
De 1713 à 1718, cette piraterie caribéenne est marquée par le repaire de Nassau (Bahamas) où se retrouvent près de 5000 forbans, dont les célèbres Hornigold, Teach, Vane, Rackham ou Levasseur. Après la reprise en main de Nassau par les Britanniques, en 1718, plusieurs pirates se déplacent vers l’Afrique et l’Océan Indien. Dans l’espace caraïbe, cette criminalité devient plus diffuse, voire plus violente, avec des pirates tels qu’Edward Low ou Bartholomew Roberts. Les pirates français (dont les capitaines sont souvent originaires des ports de Bretagne) s’inscrivent dans les mêmes dynamiques, mais leurs attaques sont davantage concentrées sur l’arc antillais. A partir de 1722-1723, les effets conjugués des politiques de répressions et d’amnisties, de même que la sécurisation des routes maritimes et des rades, provoquent la disparition rapide de cette piraterie atlantique. Le périple tardif de Thomas Dulain, en 1728-1729, clôture ainsi cet « âge d’or » de la piraterie.