La bataille de Prairial est un affrontement naval entre la France républicaine et l’Angleterre qui a eu lieu le 1er juin 1794, ou 13 prairial an II. Du fait de sa localisation en plein océan Atlantique, la bataille n’est pas nommée en référence à un point terrestre, comme Trafalgar.
Le combat doit être resitué dans son contexte lié aux réseaux atlantiques au XVIIIe siècle. Tout commence avec un convoi chargé de sucre et de café qui quitte Saint-Domingue le 20 juin 1793, au moment de l’incendie du Cap-Français, lorsque les commissaires de la Convention Polverel et Sonthonax reprennent la ville des mains du gouverneur Galbaud, favorable aux colons.
Arrivés aux États-Unis, les navires sont chargés de farine pour éviter la disette qui menace en France. La jeune République espère d’ailleurs toute l’aide que les États-Unis pourront apporter, en raison de l’alliance entre les deux pays datant de 1778.
Conformément à la stratégie indirecte poursuivie par la France sur mer, le Comité de salut public n’autorise la sortie de la flotte de Brest pour couvrir le convoi qu’à condition d’éviter, dans la mesure du possible, le combat. Les conséquences de cette attitude stratégique sont majeures : lorsque les deux flottes anglaise et française se rencontrent, l’amiral Louis-Thomas Villaret-Joyeuse, à la tête des républicains, ne fait pas usage de l’avantage du vent qui est le sien. Mais le 13 prairial an II, c’est la flotte anglaise qui a regagné cet avantage, et qui peut donc attaquer en position favorable la ligne française.
Les Britanniques prennent l’ascendant lors de la mêlée qui s’ensuit, principalement car la division de l’amiral français Joseph-Marie Nielly, envoyée en avance, est percluse de malades. En conséquence, ses vaisseaux quittent rapidement le combat et laissent les autres navires français à deux ou trois contre un. Finalement, six vaisseaux français sont capturés, et un dernier coule pour n’avoir accepté la reddition qu’au dernier moment, le Vengeur du Peuple.
L’amiral Richard Howe, qui commande la flotte anglaise, ne cherche pas à pousser son avantage, et le convoi qui était l’objet de la campagne parvient sans encombre à Brest : stratégiquement la campagne de l’été 1794 est donc un succès. En effet, la marine française est parvenue à faire passer le convoi d’Amérique, tout en harcelant avec efficacité le commerce de l’ennemi.